Comme à chaque fin d’année, Gilles Ratier dégaine son rapport. Se basant sur les chiffres de l’année, son exercice factuel et complet propose un panorama de la production de bandes dessinées sur le territoire francophone européen.
2012 : prolifération et polarisation
Dans un contexte difficile et morose, tant sur le plan économique (où les parts de marchés sont de plus en plus dures à maintenir et à conquérir) que social (où les relations entre auteurs et éditeurs n’ont jamais été aussi tendues), la production d’albums de bande dessinée a augmenté pour la 17e année consécutive. Les acteurs du 9e art sont donc toujours aussi dynamiques et continuent de proposer une offre abondante et diversifiée, mais cette prolifération de nouveautés, destinées à un public atomisé, rend plus compliquée la gestion des stocks et la visibilité des albums en librairie. Inquiétude, vigilance et prudence sont de mise !
Production
Pour satisfaire un public de plus en plus atomisé, l’offre de bande dessinée connaît une nouvelle progression : 5 565 livres de bande dessinée ont été publiés en 2012 – soit une augmentation de + 4,28% par rapport à 2011 – dont 4 109 strictes nouveautés.
Édition
Le marché est fortement polarisé : 4 groupes dominent la production et l’activité du secteur avec 44,5 % de la production (Delcourt incl. Soleil… 906 titres, Média Participation incl. Dargaud, Dupuis, Kana, Le Lombard, Urban comics… 783 titres, Glénat incl. Vents d’ouest… 478 titres et Gallimard incl. Casterman, Jungle !, Futuropolis… 330 titres). Au total, 326 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2012 (contre 316 en 2011).
Évaluation
Alors que le secteur résiste plutôt bien dans un contexte économique difficile, le tirage des 89 titres ayant bénéficié des plus fortes mises en place (> 50 000 exemplaires) est en baisse. Voici les premiers :
- 1 000 000 d’exemplaires pour le tome 13 de Titeuf par Zep (éditions Glénat).
- 450 000 ex. pour le 5ème Lucky Luke par Daniel Pennac, Tonino Benacquista et Achdé (Lucky Comics).
- 440 000 ex. pour le tome 18 de Largo Winch par Jean Van Hamme et Philippe Francq (Dupuis).
- 440 000 ex. pour le tome 21 de Blake et Mortimer par Yves Sente et André Juillard (Blake et Mortimer).
- 350 000 ex. pour le tome 21 de XIII par Yves Sente et Iouri Jigounov (Dargaud Benelux).
- 250 000 ex. pour le tome 17 du Chat par Philippe Geluck (Casterman).
- 250 000 ex. pour le tome 13 de Kid Paddle par Midam (Mad Fabrik).
- 250 000 ex. pour le tome 6 de Lou ! par Julien Neel (Glénat).
- 240 000 ex. pour le tome 16 du Petit Spirou par Tome et Janry (Dupuis).
- 200 000 ex. pour le tome 9 des Blagues de Toto par Thierry Coppée (Delcourt).
Traduction
Le marché francophone est toujours l’un des plus ouverts au monde extérieur puisque 2 234 nouvelles bandes dessinées ont été traduites en 2012 – dont 1 586 proviennent d’Asie et 448 des États-Unis -, soit 191 de plus que l’année passée…
Réédition
1 069 nouvelles éditions ou intégrales, de plus en plus qualitatives, permettent d’alimenter un secteur patrimonial qui se porte plutôt bien ; il y en avait eu 1 058 l’an passé.
Prépublication
En 2012, on trouve en kiosque, au niveau de la bande dessinée, 77 revues spécialisées et 10 séries de fascicules.
Au total, 456 titres soit 11 % des nouveautés publiées dans l’année ont été proposées en avant-première.
Création
Sur le territoire francophone européen, 1 951 auteurs ont publié au moins un album en 2012. Selon les critères retenus depuis 10 ans (cf. infra), on peut estimer que 1 510 auteurs réussissent encore à vivre, souvent difficilement, de la création de bande dessinée.
À noter que si l’auteur du rapport souligne que seulement 12 % d’entre eux sont des femmes, le métier de coloriste est plus féminisé puisqu’elles représentent près de la moitié des effectifs ayant travaillé sur au moins deux albums au cours de l’année.
Information
On recense, en 2012, 11 revues papier et 34 sites spécialisés dans l’information et la critique de bande dessinée.
Mutation
L’apparition des revues de bandes dessinées numériques offre de nouvelles pistes, mais le développement du 9e art sur les supports digitaux est encore très faible !
© Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée)
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