Titre : La lignée, Antonin 1937
Scénario : Laurent Galandon
Dessinateur : Olivier Berlion
Parution : Mai 2012
J’ai découvert « La Lignée » en lisant une critique plutôt élogieuse dans une revue consacrée au neuvième art. Il s’agit d’un projet qui sera composé de quatre albums. Chacun est scénarisé par une personne différente. Le point commun, au-delà de l’histoire, est le nom du dessinateur qui est le même pour tous les épisodes. Il s’agit d’Olivier Berlon dont je découvre ici le travail. « Antonin 1937 » est le premier acte à paraitre. Il est apparu dans les librairies au mois de mai dernier. Il est édité chez Bamboo dans la collection Grand Angle. Il est d’un format classique, se compose d’une grosse quarantaine de pages et est vendu pour environ quatorze euros. La couverture sur fond rouge nous présente cinq personnages. Seul le premier nous sera connu dans cet ouvrage. Il s’agit d’Antonin. Les autres sont amenés à apparaitre dans les trois autres parutions. On découvre ici le héros avec un fusil sur l’épaule droite pendant que sa main gauche sert un livre. Au second plan, on découvre un drapeau qui se superpose à un décor montagneux.
Le synopsis proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Paris, 1937. A l’enterrement de sa mère, Antonin Brossard fait la connaissance d’un oncle inconnu qui prétend qu’une malédiction familiale provoquerait la mort inéluctable des aînés Brossard dans leur 34ème année. Pour preuve, il confie à Antonin un carnet retraçant cette longue suite de drames familiaux. D’abord sceptique, celui-ci finit par s’interroger. Alors qu’il est approche à l’âge fatidique, il abandonne sa femme acariâtre, son fils et un milieu bourgeois étouffant pour suivre sa maîtresse engagée aux côtés des républicains espagnols. Pour Antonin, une nouvelle vie commence, mais pour combien de temps ? »
La lecture de ce résumé sous-entend que l’intrigue utilise le classique cheminement de la petite histoire dans la grande Histoire. Découvrir l’époque de la guerre civile espagnole à travers le parcours d’un homme était à lui seul suffisamment intéressant pour se lancer dans cette lecture. C’est d’autant plus vrai que je connais très peu cette partie de l’Histoire. Mais à cet attrait éducatif, s’ajoute à la dimension mystique apportée par la malédiction familiale qui poursuit Antonin. Il fallait donc voir comment aller cohabiter ces deux thématiques pour nous offrir une trame passionnante et prenante.
La première page nous apprend le malheur qui doit s’abattre dans l’année sur la tête de notre héros. Il a trente-trois ans. Il doit donc mourir dans l’année. Une fois ce jalon posé, on s’interroge naturellement sur la réaction qu’on aurait si une telle annonce nous était faite au détour d’une rue. Cela génère donc une implication certaine du lecteur au côté du héros. C’est la première marche vers un album réussi. Mais ce n’est que l’étape initiale. Il va falloir chercher à transformer l’essai. Sur cet aspect-là, mon impression est plus mitigée. Cette annonce a juste un effet détonateur sur le personnage principal qui décide de changer de vie et de suivre son instinct. On suppose donc qu’il y croit. Mais à aucun moment, il ne lutte contre cet état de fait ou ne l’évoque. C’est curieux. Si c’est uniquement pour justifier qu’un bourgeois décide de combattre auprès des républicains espagnols du jour au lendemain, il n’était pas nécessaire d’imaginer cette histoire de malédiction. Le seul autre apport de cette dernière est qu’on suppose qu’Antonin ne passera pas ses trente-quatre ans. C’est un petit peu léger.
La dimension surnaturelle est donc décevante et sans grand intérêt. Il ne restait plus qu’à espérer que les aventures d’Antonin en Espagne soient captivantes. Il ne faut qu’une grosse dizaine de pages pour qu’il prenne son train pour l’Espagne. C’est ni trop long ni trop court. On a commencé à cerner le personnage et ses raisons d’exil sont claires. J’étais vraiment curieux de découvert l’univers de cette guerre. Mes lectures de bandes dessinées ne m’y avaient jamais plongé. Les débuts sont intéressants. On voit comment les républicains s’organisent. On prend plaisir à les suivre. On se fait une idée sur les différents protagonistes qu’on rencontre. Mais par la suite, le soufflé retombe. L’intrigue se dilue, ne connait pas de réels rebondissements. Il ne se passe finalement pas grand-chose. La réussite des uns et des autres nous laisse indifférent. Le scénario manque cruellement de densité. La dimension dramatique est quasi nulle malgré les thématiques traitées. « Antonin 1937 » offre finalement une histoire sans grand intérêt qui aurait un travail plus soutenu et soigné. Je suis sorti de ma lecture très déçu.
De plus, les dessins ne m’ont pas transcendé. Je les trouve fades et sans réelle vie. Les personnages manquent de réelle personnalité graphique. C’est dommage. Leurs expressions faciales ne transmettent pas de sentiments suffisamment forts pour que le lecteur se sente touché. Le trait d’Olivier Berlion n’est pas mauvais. Je ne veux pas être trop dur. Il accompagne la narration et se contente de cela. Il ne le transcende pas. Mais la frustration que génère la faiblesse du scénario fait qu’on en attend davantage des illustrations. Finalement, d’un côté comme de l’autre, rien ne nous transcende. C’est dommage.
Au final, j’ai été très déçu par ma lecture. Je suis assez subjugué par les éloges qu’avait reçues cet album. Je peux concevoir aisément que certains aient été davantage enthousiasmés que moi par cet ouvrage. Je ne pense pas posséder la science infuse. Cet album peut procurer un moment agréable à d’autres que moi. Mais de là à le présenter comme un tome remarquable, je trouve cela un petit peu excessif ! Mais la richesse nait de la diversité. Il ne faut jamais perdre cela de vue. Néanmoins, je ne pense pas forcément m’offrir le second épisode de la série lorsqu’il apparaitra dans les librairies. Mais cela est une autre histoire…
par Eric the Tiger
Note : 7/20