L’étonnant Stratolaunch volera en 2017.
En perdant une partie de ses moyens budgétaires ou, tout au moins, en ne parvenant pas ŕ les accroître comme elle le souhaiterait, paradoxalement, la NASA est peut-ętre en passe de relancer l’innovation en matičre de programmes spatiaux. Cela en comptant ouvertement sur le secteur privé, jamais ŕ court d’imagination, et trop heureux de profiter d’opportunités nouvelles impensables précédemment. D’autant que la NASA encourage les entreprises les plus novatrices en participant ŕ leurs investissements. Les plus prometteuses d’entre elles, tout au moins, ŕ savoir Space X, Boeing, Sierra Nevada et quelques autres.
Pour l’instant, il est difficile de s’y retrouver. Si ce n’est ŕ travers les efforts considérables de plusieurs bureaux d’études ŕ la recherche de formules permettant de réduire notablement les coűts de mise sur orbite de satellites de tous types. S’affranchir au mieux de l’attraction terrestre constitue, en effet, l’incontournable préalable. Or le principe du lanceur réutilisable tarde singuličrement ŕ devenir réalité.
Dans ce contexte, Stratolaunch Systems, que finance Paul Allen, cofondateur de Microsoft, retient tout particuličrement l’attention. D’autant que cette jeune entreprise fait équipe avec Orbital Sciences, aprčs avoir rompu avec Space X, qui fut son partenaire de la premičre heure.
L’idée, pour l’essentiel, consiste ŕ utiliser un avion Ťconventionnelť pour hisser une fusée et sa charge utile ŕ 10.000 mčtres d’altitude. Cette phase initiale d’une mise sur orbite serait d’autant moins coűteuse que le porteur, aussitôt sa mission accomplie, reviendrait ŕ sa base de lancement, s’y poserait de maničre tout ŕ fait classique et serait réutilisable ŕ l’infini.
Le porteur ? Quel porteur ? Il s’agissait tout d’abord de le concevoir, moyennant un investissement raisonnable. Mais aucun appareil disponible sur le marché ne s’y prętait, męme aprčs d’importantes modifications. D’oů l’idée d’un Meccano peu ordinaire, en reprenant un certain nombre de composants du Boeing 747-400. Cela pour bâtir un étrange engin double de 117 mčtres d’envergure propulsé par six moteurs de 747, quatre ne pouvant suffire, le tout avec l’avantage considérable d’ętre partiellement disponible sur le marché de seconde main.
Le résultat, un étonnant bi-fuselage pouvant recevoir, sous la partie médiane de son immense voilure, un lanceur correspondant en quelque sorte ŕ un deuxičme étage de fusée, et contenant sous sa coiffe le satellite ŕ mettre sur orbite. A condition de disposer d’une piste suffisamment longue (4.000 mčtres), l’appareil d’une masse maximale au décollage de plus de 500 tonnes devrait respecter les lois fondamentales de l’aérodynamique et, semble-t-il, ne pas poser de problčmes insurmontables. Bien sűr, on attend de le voir pour le croire et, pour l’instant, il faut se contenter d’admirer maquettes et autres images de synthčse.
Sans doute assiste-t-on ainsi aux balbutiements d’une čre nouvelle sans savoir pour autant jusqu’oů iront ces nouveaux pionniers de l’espace. Loin, sans doute. D’oů le regret de constater que l’Europe ne participe pas ŕ ce mouvement, ancrée dans les certitudes nées de la filičre Ariane. Est-ce, ŕ long terme, un danger pour le Vieux Continent ? Au minimum, la question mérite d‘ętre posée.
Pierre Sparaco - AeroMorning