ça va pas bien dans ma tête
N’importe qui est capable de se parler tout seul dans sa tête : se faire sa liste de courses du week-end, fredonner une chanson, faire un calcul, lire silencieusement… Ces pensées sont comme « formulées » par une petite voix dans la tête.
Pour l’instant, la science était incapable de comprendre ce phénomène.
C’est désormais chose faite. Une équipe d’experts du centre de recherche en neurosciences de Lyon et du CHU de Grenoble, dans une étude publiée mercredi dans The Journal of Neuroscience, a pour la première fois « photographié » la zone du cerveau responsable de cette "voix intérieure".
Pour cela, l’équipe de Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l’Inserm, a suivi quatre adultes atteint d’épilepsie sévère, qui, dans le cadre de leur suivi médical, vivent avec des électrodes implantées dans le cerveau, ce qui permet d’obtenir d’excellents signaux à l’encéphalogramme (image de l’activité électrique du cerveau).
Les chercheurs ont repéré dans un premier temps la zone du cerveau qui réagissait au son de voix extérieures. Ensuite, ils ont demandé aux volontaires de lire en silence un texte défilant à l’écran. Or, il s’est avéré que la zone du cerveau réagissant aux voix extérieures s’activait également pendant la lecture silencieuse, signe d’une "pensée formulée" intérieurement.
"Pour la première fois, grâce à cette étude, nous avons pu ‘voir’ en temps réel la trace de cette petite voix", se félicite Jean-Philippe Lachaux.
L’hypothèse des chercheurs serait que l’association de sons et de mots qu’un enfant fait quand il apprend à parler puis quand il commence à lire à voix haute devient un automatisme qui persiste toute sa vie. "Cette association entraîne une augmentation des connections entre les zones du cerveau impliquées, qui en viennent à s’activer spontanément l’une l’autre", explique Jean-Philippe Lachaux.
En outre, les scientifiques notent que plus le lecteur est concentré (parce que le texte est difficile à lire ou qu'il ne lit pas couramment) plus la petite voix s’active.
Cette étude permettra d’améliorer le traitement de certaines maladies psychiques Jean-Philippe Lachaux envisage ainsi des "outils de rééducation permettant d’éviter l’emballement de ces pensées quand celles-ci deviennent trop nombreuses, dans le cas de la rumination dépressive ou de la schizophrénie".
"En utilisant une technique similaire à celle de l’étude, nous pourrions leur montrer concrètement (aux malades, N.D.L.R) ce qui se passe dans leur cerveau, et cela leur permettrait de se distancier de cette pensée envahissante et de regagner du contrôle".
source: Planet.fr