243. Bergman : À travers le miroir

Par Mouflon

La pietà selon Bergman

1001 films : Sasom i en spegel
Titre français : À travers le miroir
Dans la liste des 1000 meilleurs films du 20ème siècle
Film suédois réalisé en 1961 par Ingmar Bergman (1918-2007)
Avec Harriet Andersson (Karin), Gunnar Björnstrand (David), Max von Sydow (Marin), Lars Passgard (Minus)
Encore un Bergman. Il faut dire que nous sommes en novembre 1988 et que je suis en plein milieu d'une grande rétrospective Bergman au cinéma St-André-des-Arts à  Paris.
Le début de la décennie 1960 est marquée chez Bergman par des oeuvres qui abordent le thème de la psychose (Le silence, Les communiants, Persona, L'heure du loup, La honte...). Le premier de la liste est une œuvre magistrale qui atteint des abysses de dépression et de désespoir avec une performance homérique de Harriet Andersson que je rêvais de rencontrer en Suède, l'été dernier. Imaginer Harriet, à 80 ans, en train de siroter un café, seule, au fond d'un café d'Uppsala - pur moment de grâce.
Le grand thème de ce film, c'est évidemment la schizophrénie. Où il appert que Dieu est un symptôme obligé de cette maladie mentale. Traverser le miroir dans ce cas-ci, c'est entrer dans un monde hallucinatoire où Dieu est présent mais qu'il peut aussi se transformer en araignée - moment d'horreur absolu.
L'autre thème important de ce film, c'est la culpabilité du père de Karin. Il se sent affreusement coupable de recycler du matériel biographique - la maladie de sa fille - en production littéraire. Ce personnage du père incarne  la culpabilité de Bergman dont la carrière théâtrale et cinématographique  a phagocyté sa vie familiale. Quatre épouses (on ne compte pas ses maitresses - tous les rôles principaux féminins de ses films) et sept enfants pendant la période qui précède ce film.
Luc Moullet des Cahiers du Cinéma devait dormir au gaz quand il a vu  À travers le miroir : "Propos vagues sur Dieu et l'humanité, d'un niveau primaire assez provocant, photo atrocement terne, c'est du Wyler fatigué. L'accumulation des effets est indispensable à la réussite de Bergman (???); or ici, malheureusement, il reste très honnête et très simple" Cahiers du Cinéma numéro 135 de septembre 1962. L'art de passer complètement à côté d'un film.
En mai-juin 2011, au New York Theatre Worshop, ma jeune actrice préférée, Carey Mulligan (inoubliable dans Never Let Me Go), jouait le rôle de Karin, interprétée dans le film de Bergman par Harriet Andersson.

Carey Mulligan dans la pièce Through a Glass Darkly tirée du film d'Ingmar Bergman

Oscars 1962. Meilleur film en langue étrangère
Festival de Berlin 1962. Meilleur film selon International Catholic Organisation for Cinema
Évaluation Mediafilm : Cote 2 : Remarquable
Toutes les informations sur le film sur IMDB
Visionné, la première fois, le 15 novembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Mon 243ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider