Avec l'évolution des technologies – ordinateur personnel, internet, mobile, tablette... – et leur pénétration dans les foyers, souvent bien avant leur arrivée dans l'entreprise, un mouvement est né, le "BYOD" (Bring Your Own Device), qui voit les employés utiliser leurs appareils personnels dans le cadre de leur activité professionnelle.
Les organisations les plus avancées (les sociétés de haute technologie ont été pionnières) ont rapidement compris l'intérêt qu'elles pouvaient avoir à encourager cette nouvelle tendance. Elles ont pu profiter de (au moins) 3 avantages : une productivité accrue (parce que l'utilisateur connaît et maîtrise parfaitement son équipement), une satisfaction en hausse (qui apprécie le PC ou le BlackBerry fourni par son employeur ?) et une réduction des coûts de possession (la propriété d'un appareil rend son utilisateur plus soigneux et plus autonome dans la résolution des incidents).
Hélas, ces bénéfices semblent insuffisants pour convaincre bon nombre de décideurs, et les français travaillant dans le secteur financier ont la malchance d'être les plus mal lotis. En effet, d'une part, selon un article de la revue American Banker, les banquiers sont résolument peu enclins à adopter le concept BYOD, et, d'autre part, une étude de Cisco révèle que les responsables informatiques français sont les plus pessimistes (en comparaison de leurs homologues dans 8 autres pays) quant à sa valeur.
Ainsi, nos "chers" DSI ne sont pas convaincus que les avantages avancés soient réels, malgré tous les retours d'expérience dont on peut disposer aujourd'hui. Surtout, en filigrane, ils redoutent les difficultés prévisibles : assurer la sécurité de ces appareils "incontrôlés" et des informations qu'ils hébergent, faire face aux exigences juridiques (autour du télétravail), adapter leurs applications à de nouvelles plates-formes... Évidemment, ils préfèrent ne rien changer à leurs habitudes, en croyant assez naïvement qu'ils maîtrisent parfaitement la situation !
Du côté des banques (où qu'elles se trouvent), l'argument numéro 1 pour écarter la possibilité d'une politique BYOD est, sans surprise, la combinaison des exigences réglementaires et de sécurité. Alors, les plus ambitieuses tentent de retourner le concept, par exemple en fournissant des iPads plus ou moins verrouillés à leurs collaborateurs, en considérant que le plus important est de satisfaire à la mode de la "consumérisation" de l'informatique.
Malheureusement, c'est une stratégie à courte vue car, en regard des avantages attendus des pratiques BYOD, il est facile de se rendre compte qu'ils sont alors sévèrement amputés. Entre autres limitations, on peut facilement identifier quelques facteurs évidents : le collaborateur déjà équipé à titre personnel ne va pas s'encombrer d'un matériel professionnel redondant ; les appareils fournis par l'entreprise seront traités comme tels (sans grandes précautions), avec notamment un impact redoublé sur les services de support (qui devront prendre en charge de nouveaux systèmes)...
Le coût d'une telle approche risque, au final, d'être considérable, sans apporter de bénéfices tangibles. Il vaudrait bien mieux, quitte à temporiser (un peu) les initiatives, affronter la réalité en face et traiter immédiatement la question de fond : comment mettre en place une politique BYOD cohérente avec les contraintes propres à chaque entreprise ? Comme pour tout projet d'envergure, une fois les besoins et les exigences exprimés, il convient d'identifier les solutions disponibles et d'établir un business plan réaliste. Les croyances et les a priori n'ont pas leur place dans ce processus.