"Pulp libéralisme" de Daniel Tourre

Publié le 02 janvier 2013 par Francisrichard @francisrichard

Samedi 15 décembre 2012, mairie du Ve arrondissement de Paris, se tient le Salon du livre libéral...

Vous n'avez pas une impression de déjà-vu? Si, bien sûr, l'année dernière, il y a un siècle, je vous parlais de Je suis libre, un petit livre très bien fait, vademecum de Thomas Heinis, que j'avais découvert en ce "mauvais lieu".

Eh bien, Pulp libéralisme, je l'ai découvert là aussi. C'est un peu le gros format en comparaison, un peu lourd (en poids), mais tout aussi utile: 21,5 cm x 28 cm, illustré de bandes dessinées américaines des années 1945-1951, en couleur, avec des bulles plus amusantes que celles des crises provoquées par les manipulations des étatistes.

Daniel Tourre a voulu transmettre la tradition libérale aux débutants (comme il n'est pas méprisant il emploie le terme de débutants plutôt que nuls, qui est peut-être une marque déposée révélatrice de notre époque...). Et il y réussit très bien.

Il s'adresse au libéral qui s'ignore:

"Ce livre est fait pour toi. Il te permettra de mieux connaître cette famille de philosophie politique née au siècle des Lumières."

A l'anti-libéral, qui l'est pour de mauvaises raisons:

"Ce livre est fait pour toi. Il te permettra de mieux connaître cette hydre malfaisante qui conduit le monde à sa perte."

Le libéral convaincu appréciera qu'en réponse à 36 clichés sur lui, le libéralisme apparaisse, grâce à son auteur, sous son vrai portrait photographique, que dis-je, son vrai portrait en mouvement.

Le débutant, qu'il soit un libéral qui s'ignore ou un anti-libéral pour de mauvaises raisons, apprendra, en s'amusant - n'est-ce pas la meilleure façon d'apprendre -, que le libéralisme est une philosophie qui ne se cantonne pas dans le domaine économique, mais qui se déploie dans le domaine du Droit, dans le domaine moral et dans le domaine...politique.

Le débutant, s'il est français, sera surpris d'apprendre que le libéralisme, avant d'être anglo-saxon, était français, bien de chez lui, avec Turgot, Cantillon, Sieyès, Say, Tocqueville, Constant, Bastiat, Molinari, Aron etc. Tant il est vrai que, surtout en France, nul n'est prophète en son pays...

Le débutant sera de toute façon surpris d'apprendre que le libéralisme est une philosophie politique qui remonte à Aristote, à Saint Thomas d'Aquin, à l'Ecole de Salamanque, c'est-à-dire à tous ceux qui, bien avant la déclaration des droits de l'homme de 1789 (qui comporte "quelques grumeaux rousseauistes"), ont défendu les droits naturels que sont la liberté, la propriété et la sécurité:

"Le Droit naturel est connu par la raison. C'est un effort long et patient basé sur une observation des règles permettant aux hommes de vivre en paix."

C'est sur cette base solide que la tradition libérale repose. Tout se tient.

La propriété?

"Les fondements de la propriété légitime sont le travail, l'échange libre ou le don."

La démocratie?

"Les décisions, même démocratiques, sont illégitimes si elles violent les droits naturels des individus."

L'Etat?

"Pour les libéraux, un Etat minimal est souhaitable pour assurer la justice et la sécurité."

La souveraineté?

"Pour les libéraux, la seule souveraineté qui existe, c'est celle d'un individu sur lui-même dont les relations avec les autres sont encadrées par le droit."

L'économie?

"L'économie libérale permet modestement d'allouer les ressources matérielles et le temps de travail le moins mal possible compte tenu de la complexité de notre société, tout en respectant les Droits de chaque personne (liberté, sûreté, propriété)."

Un gouvernement mondial?

"Le monde n'a pas besoin d'un gouvernement mondial et de ses ministres centralisés, il a besoin du règne du Droit et de la protection des droits naturels des individus."

Le capitalisme?

"Le capitalisme libéral, c'est [...] le cadre institutionnel permettant l'accumulation de capital tout en respectant les droits naturels des individus: liberté, propriété, sécurité."

Tout découle donc des droits naturels, qui ne sont pas propres à une époque, mais permanents à travers les siècles.

Le débutant aura bien évidemment intérêt à lire ce livre dans son entier, mais, puisque nous sommes en crise, il s'intéressera plus particulièrement aux chapitres consacrés à la monnaie, à l'inflation, aux banques, notamment centrales et aux manipulations des étatistes, qui, violant les droits naturels en faisant de la fausse monnaie, sont à l'origine des crises, dont les pauvres sont les premières victimes.

Pulp libéralisme enfin joint l'utile au divertissant. Non seulement Daniel Tourre emploie la BD, mais il fait aussi montre d'un humour décapant. Ce qui prouve qu'on peut être sérieux et ne pas perdre l'envie de rire, qui, comme chacun sait, est le propre de l'homme. Le débutant passera donc de bons - et longs - moments (j'ai fini et commencé l'année avec ce monument).

Encore faut-il que le débutant, un libéral qui s'ignore ou un anti-libéral pour de mauvaises raisons, ne veuille pas mourir idiot en matière de libéralisme. Ce n'est pas gagné, car cela demande tout de même quelques petits efforts...

Francis Richard

Pulp libéralisme, Daniel Tourre, 236 pages, Editions Tulys