C’était la bien nommée Nuit du premier jour, du festival Dépayz'arts qui revient tous les deux ans en Seine-et-Marne. Cette année, nous avions rendez-vous à Brie Comte Robert, une cité qui a fait sa réputation avec le Moyen Âge et qui, cette nuit-là, a donné du rêve et des sensations à tous, malgré la pluie qui n’a pas cessé. Un feu d’artifice a encadré le passage à l’an 2013, concocté par Eido & co, fort applaudi par un public dont certains s’étaient déjà couverts de l’écume du Collectif Marcelle Lapompe. Les drôles d’embarcations d’Ilotopie glissaient au fil de l’eau des douves du château. La chorale lumineuse du Groupe Laps a envahi l’espace de la Place du Marché. Devant l’église, la pluie accélérait la fonte de plusieurs sculptures de Michael Langeder révélant plus ou moins vite les squelettes de cette vie éphémère. Sur la façade de l’église, on pouvait faire tomber la neige d’une de ces boules de verre qu’il suffit de secouer. A l’intérieur, les Souffleurs, dans une ambiance étrange de recueillement et de curiosité, disaient à l’oreille des noctambules des poèmes : on y entend toujours le mot qui va bien avec le moment où on l’entend, c’est ainsi que la poésie prend toute sa place dans ma tête, dans le secret (les photos y étaient interdites). Et puis, nous avons marché jusqu’au Jardin des Bienfaites, passant devant les bains de minuit, buvant à proximité du kiosque où officiait DJ Reedo un vin chaud, et atteignant le manège qui tourne en avant en arrière de Régis Masclet et les manèges de la Compagnie Antigua I Barbuda propulsés à la force des bras. Sûrement, nous n’avons pas tout vu, mais il était assez tôt pour qu’en rentrant chez moi j’entende les premiers chants des oiseaux de l’année.