Aline - Regarde le ciel
Que s’est-il passé de notable le 7 janvier ? Jusqu’ici, à part ma naissance et celle de Bernadette Soubirous, pas grand chose. Cela dit, si l’immaculée conception est apparue à cette dernière (qui n’avait pas dû gober que des chocapics entre nous soit dit) je peux maintenant dire qu’Aline nous apparaitra en ce jour de la Saint Raymond. Et qu’il faudra désormais inscrire Regarde le ciel, nom de leur premier opus, sur la table des lois de ce septième jour. Voire de l’an de grâce 2013.
Au commencement était Dondolo, Une vie de plaisir dans un monde nouveau. Joyau intemporel déjà en odeur de sainteté auprès de tous ceux qui aiment les mélodies ciselées sur le tabernacle de la pop. Et puis Young Michelin, qui deviendra Aline après une sombre querelle de chapelles. Les voies de Clermont-Ferrand sont impénétrables… L’année dernière sort leur e.p de quatre titres, contenant déjà l’imparable cantique, euh, tube Je bois et puis je danse, accompagné de deux pépites lumineuses, Hélas et deux hirondelles, que bon nombre de musiciens, convertis à la sacro-sainte pop anglaise et à la langue de Daho, jalouseront. Il se passe quelque chose, il y a du punk en hostie là-dessous. Et dans les six derniers mois de 2012, c’est une véritable ascension : tous les bréviaires hebdomadaires ou mensuels du mélomane pratiquant y vont de leurs commentaires élogieux (Magic, Les Inrocks…) Les Aline défendent leurs titres à travers la France lors de messes de plus en plus convaincantes. J’y découvre d’autres titres qui figurent aujourd’hui sur ce premier album. Et je me dis qu’ils ne sont pas les auteurs d’une seule chanson.
Il y a dans Regarde le ciel de multiples révélations. De quoi avoir foi dans une pop moderne, audacieuse, franche du collier. Tout commence avec Les copains, onirique instrumental qui ouvre et clôt différemment l’album. Je ne reparlerai pas de l'irrésistible Je bois et puis et je danse, ici légèrement modifié, autant prêcher des convaincus. Je parlerai plutôt d'autres belles surprises : Teen Whistle, et ses paroles qui font mouche :
" Sans vos yeux pour me parler,
Vos bras pour me rattraper,
Je penche, je penche, je tombe,
Encore "
Il y a là tout le talent d’écriture de Romain Guerret, cette esthétique de la ligne claire que l’on retrouve jusqu’à leur belle pochette d’album signée Martin Etienne. Ah... Ce tin whistle jouissif d’Arnaud tout droit sorti d'un Pogues illuminé...
Et puis la mélancolie terrible d’Elle m’oubliera :
"Ah ! Quoi faire de moi, de mon cœur après toi,
Je me souviens bien que tu n’aimais que moi,
Le temps a passé
Et tu ne t’en souviens pas
Tu ne m’en veux pas."
Ca n’a l’air de rien. D’une simplicité biblique. Mais je défie quiconque de pondre des versets, euh, couplets aussi faussement naïfs. Et d’y inclure un monde à chaque fois.
Et puis le climax. Regarde le ciel, la chanson. Un truc à rendre zinzin le premier derviche tourneur venu. Souvenons-nous de ces paroles :
"Regarde le ciel
Au dessus des arbres au loin, tu verras,
Danser le feu,
Et les lueurs pales des morts, tu verras."
Oui définitivement les Aline ont réussi leur pari. Il y a dans ce titre une science de l’épiphanie. Et du riff ébouriffant, rarement entendu depuis les Cure. De quoi passer à confesse pendant des mois.
Alors faites confiance à ma prédiction : 2013 sera l’année des Aline. Pardonnons à ceux qui font l’impasse : ils ne savent pas ce qu’ils font.
L'album en écoute intégrale pendant encore quelques jours sur le site de Libé / Next. Bonne écoute !
Aline sera en concert avec Motorama à Lyon le 9 février (wouah !) et à Paris au Café de La Danse le jeudi 21 février. Plus d'informations sur le site officiel.
Sinon, sur Euphonies, ça s'est passé là pour je bois et puis je danse
et là pour les Bars en trans.