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Années 60: luttes sociales de la jeunesse américaine

Publié le 01 janvier 2013 par Raymond Viger

Contre la ségrégation et pour la paix

Retour sur la jeunesse et la révolte des années 1960 aux États-Unis et sur les justes luttes sociales qu’elle a menées.

Normand Charest – chronique Valeurs de société

débats société réflexions sociales socialeLe « printemps érable » de 2012 nous aura montré des étudiants luttant contre la hausse des frais de scolarité et, si possible, pour la gratuité scolaire complète. Sans vouloir diminuer les défis auxquels fait face la jeunesse actuelle, il faut bien constater que chaque génération a connu son lot de difficultés tout aussi importantes.

Dans son essai Passages américains qui vient de paraître, la romancière québécoise bien connue nous ramène à une autre jeunesse, celle des années 1960 qui luttait aux États-Unis contre la ségrégation raciale et la guerre du Vietnam, en commençant par ces paroles :

« Ces années étaient des années de révolte et d’illuminations, mais des années, aussi, de grandes souffrances. »

La lutte pour les droits des Noirs

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Martin Luther King

Le livre est divisé en trois parties. La première, intitulée « Lamentation pour un sénateur foudroyé », met en scène le sénateur Robert Kennedy, sa lutte pour les droits des Noirs, son assassinat après celui de Martin Luther King, et brosse un grand tableau, plein de passion et de compassion, de cette époque impressionnante.

« Mais c’est l’esprit que l’on voulait tuer en Martin Luther King, Jack et Robert Kennedy, Malcom X, l’esprit et ses idées de progrès, l’esprit et sa désobéissance à un ordre inéquitable, social ou racial. »

Et Marie-Claire Blais ressort une prophétie que Robert Kennedy avait faite aux Noirs américains, après l’assassinat de Martin Luther King, en la reliant à l’actuel et premier président noir des États-Unis, Barak Obama :

« Oui, il  se pourrait bien que dans quarante ans nous ayons un président noir (« A Negro would be president within forty years»), avait dit le sénateur, dont la vision soudain s’était agrandie, prophétique, jusqu’à ces jours que nous vivons. »

Désobéissances civiles

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Robert Kennedy

La deuxième partie appelée « Désobéissances civiles » raconte la longue Marche pour la paix et la liberté entreprise par des jeunes qui cheminèrent de Québec à Miami en 1963, qui furent menacés de mort par le Ku Klux Klan, puis emprisonnés et maltraités dans le Sud ségrégationniste :

« En ces années 1963-1964, de jeunes manifestants pacifistes partaient sur les routes, c’étaient des étudiants ou des professeurs, des artistes, des femmes, des hommes, qu’ils soient de race blanche ou noire, ils étaient tous frères et appartenaient au même mouvement de l’action non-violente… »

À près de cinq décennies de distance, on reste sidéré par le courage, certes, mais peut-être aussi par l’inconscience de cette jeunesse venue du Nord, de l’Est et de l’Ouest qui croyait que l’on pouvait changer les choses par des manifestations non-violentes. Une jeunesse qui, arrivée dans le Sud des anciens planteurs de coton, se retrouve à la merci d’une minorité blanche prête à toutes les humiliations, et jusqu’au meurtre.

Dans le Sud où le Ku Klux Klan s’affiche encore en toute impunité, de jeunes manifestants non armés sont entourés par des meurtriers armés jusqu’aux dents. Les manifestants réalisent alors, avec horreur, qu’il y a une différence entre des lois théoriques et l’application de ces lois.

« C’est peut-être cette fin du silence de l’esclave qui inquiète le plus les maires et les shérifs de ces villes du Sud, dans la venue des militants du Nord », écrit l’auteur. Et puis : « si on a l’illusion de pratiquer la charité, d’être chrétien, dans cette ville, pourquoi tant de manifestations de haine raciste » ?

Cependant, les jeunes qui ont vu cet enfer de leurs propres yeux continueront à lutter toute leur vie contre la ségrégation et pour les libertés civiles.

« On a tué des enfants innocents »

Années 60: luttes sociales de la jeunesse américaineLa troisième partie du livre, plus courte, a été publiée dans le Devoir. L’auteure y relate une manifestation non-violente des étudiants de l’université Kent contre la guerre, en 1970. C’était des jeunes « paisibles, sans armes… échevelés et doux » qui croyaient à la victoire de l’amour sur la guerre, comme leurs pancartes l’indiquaient : Make love, not war.


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