Pour un sémiologue ou un spécialiste de la communication politique, l’analyse des vœux présidentiels n’est pas un exercice facile. Une seule caméra, un seul plan, les drapeaux français et européen, un ton solennel… rien n’est plus codifié et ritualisé que cette séquence.
Vœux 2011 de François Hollande
Certes, quelques-uns se sont risqués à malmener les codes : Giscard avec ses vœux au coin du feu, Sarkozy 2007, qui avait innové en faisant précéder son intervention d’un travelling avant dans la cour de l’Elysée après le franchissement de la grille d’entrée, style Citizen Kane. Mais la marge de manœuvre est mince. Aussi, il faut, pour l’analyste, débusquer ces petites différences qui font sens.
Les vœux selon Sarkozy
Le premier paramètre à observer est le choix de la position assise ou debout. Jusqu’à Sarkozy, la première solution n’a jamais été remise en cause. Et l’on a vu le président de droite hésiter pendant son quinquennat, recourant à l’une ou l’autre des solutions selon l’image qu’il voulait se donner. Malgré sa volonté affichée de changer le style de la présidence, il se fit filmer, pour ses premiers vœux, derrière un bureau et devant une cheminée avec quelques livres anciens entre un vase et un bouquet de fleurs. En 2008, il était carrément devant une bibliothèque, entouré de livres reliés pleine peau, mais debout cette fois. Il fallait répondre à toutes ces critiques qui moquait son inculture (et son mépris de "La Princesse de Clèves"), en se donnant une image si ce n’est d’intellectuel, au moins de bibliophile.
En 2009, son allocution fut précédée d’un curieux générique : la patrouille de France traversant le ciel incrustée dans le drapeau tricolore, une foule en liesse, la terre tournant sur elle-même, l’arc de triomphe, un travelling vers l’Elysée et "Monsieur le Président de la République" (sic) toujours debout. Il fallait se redonner la stature présidentielle qu’on lui contestait depuis son "casse-toi pauv' con"… Pour ses derniers vœux, il revint à une posture plus sobre, debout devant une fenêtre laissant apercevoir dans le fond les rues de Paris.
Premier constat, hier, le choix de Hollande a été de signifier le moins possible par le décor. Pas de symbolique ostensive, pas de référence forte à l’Elysée, ni de signes d’officialité, si ce n’est les incontournables drapeaux français et européen. On retrouve là la stratégie qu’il avait employée dans ses affiches électorales, où il posait sur un fond neutre, à l’inverse de la symbolique lourde du capitaine de la France forte.