A propos de 2012, et de 2013

Publié le 31 décembre 2012 par Egea

La période est aux vœux. Avant de les formuler, quelques considérations sur l'an qui va et celui qui vient.

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1/ L'an qui va : pour egéa, il fut en progression : 530 000 visites au cours de l'année, et plus de 3,8 millions de pages vues, soit une progression respectivement de 28 % et de 18 %. Ce ne pourraient être que des chiffres gonflés par mon outil de statistiques. Je constate simplement leur validité au nombre de commentaires. Chaque billet en suscitait deux au début de l'année, nous arrivons à environ quatre en moyenne par billet. Je supprime pas mal de spams mais n'ai quasiment pas à modérer : vos commentaires sont de remarquable qualité, instructifs, et toujours courtois. Merci à vous, c'est un véritable encouragement (même si la modération prend du temps...). Ajoutons que 2012 fut également l'année de parution de deux livres (ici et ici) qui m'ont occupé ces dernières années et sont forcément précieux à mes yeux. Celui qui ne voit que l'accouchement n'a pas conscience de la durée de la gestation ni des difficultés de l'enfantement. Pour un auteur, un livre est quelque chose de très important : imaginez quand il s'agit de jumeaux !

2/ L'an dernier (voir billet), j'avais facilement décelé les ruptures de 2011 : Révoltes arabes, Fukushima et crise des dettes battaient leur plein. J'avais mentionné que 2012 serait une année d'élections, et voici ce que j'écrivais : "On peut en effet prévoir que D. Medvedev sera remplacé par V. Poutine, que Hu sera remplacé par Li, que N. Sarkozy ne devrait pas être réélu (si j'en crois les derniers sondages). B. Obama devrait pouvoir quant à lui conserver son poste". Pas mal ! Pour le reste, on ne voyait pas venir de surprise stratégique.

3/ Au bilan, que dire donc de cette année 2012 ? Tout d'abord que la crise de l'euro a été, au moins temporairement, surmontée. J'entends de nombreux débatteurs qui m'expliquent que ce n'est que de la poudre aux yeux et qu'on a repoussé la bosse en la gonflant. Je veux bien l'admettre mais nous nous interrogions l'an dernier sur la pérennité de la zone euro. Aujourd’hui, on ne parle plus de sortie grecque ni de sortie finnoise. Mme M. Monti et Mme Merkel ont influencé les choses de façon à permettre la perpétuation du système. Agaçante Europe qui ne sait pas trancher et qui réussit toujours, par la négociation et le faux-semblant, à poursuivre. Tout n'est pas pour le mieux, et des réformes restent à faire, notamment en France. Mais le début de reprise en Chine et aux États-Unis font entrevoir quelques lueurs de bleu dans un horizon qui était, en 2012, uniformément gris.

4/ Ailleurs, on n'a pas assisté à de grands bouleversements, dans aucune des parties du monde. Bachar Assad a maintenu son régime, mais il est désormais condamné et ce n'est plus qu'une question de semaine. Cette région du Proche-Orient continuera d'être agitée, avec la question syrienne articulée à la question kurde, mais aussi la perpétuation du conflit israélo-palestinien qui empêche toute solution durable dans la région, la fragilité de l’Égypte ou les élections iraniennes.

5/ Le Mali demeurera une difficulté et manifestera que la France n'a plus vraiment de politique africaine. Pour le reste, l'Afrique continuera sa croissance, même si cela sera surtout visible dans sa partie anglophone...

6/ La région la plus sensible demeurera l'extrême-orient, où autant d'îles constituent autant de différends entre des puissances très désireuses de prendre leur revanche sur l'histoire. Il ne s'agit plus désormais de la revanche sur la domination occidentale, elle est désormais assumée dans de nombreux esprits. Mais d'autres revanches restent, qui s’enracinent dans des disputes locales et séculaires. Il n'est pas sûr que les États-Unis auront la force de maintenir la stabilité externe qu'ils exercent depuis 70 ans.

7/ La grande nouveauté de 2012 aura été l'irruption du gaz (et du pétrole) de schiste, notamment aux États-Unis. Elle aura de nombreuses conséquences dès 2013 :

  • elle permet aux États-Unis de regagner de la puissance, alors que nous constations son déclin. Quelles que soient les conséquences environnementales.....
  • elle permet à certains États européens d'avoir d'autres options énergétiques : Pologne, France, notamment.
  • elle relativise l’importance des réserves moyen-orientales, au moins aux yeux des Américains. Le pacte du croiseur Quincy durera-t-il ? ne peut-on prévoir la fin de la domination américaine dans la zone, au profit d'un réinvestissement en extrême-orient ? mais du coup, la Chine va-t-elle succéder aux USA dans la région ? et quelles conséquences sur l'enchevêtrement des conflits moyen-orientaux, structurés (et d'une certaine façon gelés) par la puissance américaine.
  • elle remet en question l'équation russe, centrée sur l'arme énergétique : si les prix baissent, si le principal client européen trouve une relative autonomie, l'axe géopolitique de Moscou pourra-t-il perdurer ?

Autant de facteurs de frictions qu'il conviendra d'évaluer.

8/ Toutefois, on peut également observer, à l'instar de Jean Dufourcq dans sa dernière chronique, une possibilité de "lissage" du monde. Plusieurs facteurs existent en effet :

  • la cybernétisation du monde devient de plus en plus évidente et structurante, permettant le partage mais étant également le lieu d'expression indirecte de conflits de plus en plus fréquents
  • la maritimisation du monde, qui pose indirectement la question de la pérennité de la biosphère : les question écologique et climatique demeurent prégnantes, et ignorées
  • la marchandisation, autre moyen d'expression indirecte de conflits latents, nous y reviendrons.
  • ajoutons la relativisation générale du politique, où qu'il soit : le politique n'est plus le lieu d'organisation de l'espace social, que ce soit dans ses formules démocratiques ou, évidemment, autocratiques.

Le point commun de ces tendances tient à leur caractère informé et dans le même temps à leur domination.

Entre frictions et fusions, le monde en 2013 sera donc encore plus passionnant. J'espère que nous l'observerons ensemble. Voici en effet le moment de vous adresser mes meilleurs vœux pour 2013. La santé, au premier chef et le plus important ; l'équilibre humain et professionnel, ensuite, conditions du bonheur; enfin, de la curiosité, des échanges et de l'élévation : beaux mots qui nous rassembleront cette année, je nous le souhaite.

O. Kempf