Notre dernier blog titrait: chacun son tour. 2012 a vu la hausse à New York. 2013 devrait voir celle des autres marchés. Non pas que la crise économique soit terminée. Mais la bourse anticipe et n’est pas directement corrélée à l’activité économique. C’est l’espoir qui fait monter les cours. Comme la peur du risque les fait baisser. Le risque de sottises politiciennes en premier.
Heureusement, Madame Merkel est un véritable chef d’Etat, celui qui ne parle pas pour enfumer les gens. Mais qui, au contraire, les entraîne et les éclaire en vue d’un but commun. Elle annonce une année 2013 difficile. Nous l’avons déjà écrit ici. Cela expliquait notre prudence quant aux actions depuis 2 ans. Le vrai problème était moins la récession en cours, que le refus d’en tenir compte par de nombreux gouvernements, USA en tête, et par des opinions publiques désinformées. Ce refus a entraîné des catastrophes au niveau de l’endettement public. Et des postures démagogiques avec des impôts « confiscatoires » comme le dit notre Conseil Constitutionnel. Conséquences: des effets négatifs sur l’activité et le chômage: la fuite des capitaux est néfaste!
Ces risques politiques semblent désormais levés. Les élections en Europe et au Japon ont amené au pouvoir des équipes plus responsables. Les peuples ont compris avant leurs gouvernements, que l’époque des déficits sans pleurs (disait J. Rueff) est terminée. Sauf en France où l’élite politique est toujours en retard; comme en 1936, 1940, 1956, 1981. Voir le refus des syndicats de moderniser le marché du travail. Mais on finit par faire ce qu’il faut, après les autres.
Ce qui semble assuré désormais: pas de faillite de souverain, peut-être des émeutes mais pas de révolution (pourquoi faire?). Pas de fuite possible dans la dévaluation/inflation sauvage, l’existence de l’€ et le maintien de la suprématie du$ ont supprimé cette facilité. Partout la règle d’or budgétaire est appliquée. Même les socialistes français ont ratifié le traité européen qu’avait signé M. Sarkozy. Il faudra quelque temps avant que la réunion de ces acquis ne produise ses effets. Simple question de temps, la trajectoire est fixée. C’est vrai pour toute l’ Europe. Le marché des actions doit en tenir compte.
Le problème budgétaire aux USA est également réglé, avec ou sans accord bipartisan au Congrès. Soit ils se mettent d’accord, soit des coupes automatiques se produisent dans les dépenses avec des hausses d’impôts. Dans les deux cas, le problème est adressé. Dans les deux cas, ce sera au détriment de l’activité, au moins à court terme. C’est politiquement le bon moment. Car il n’y a ni catastrophe imminente ni élection en vue. Le chômage semble stabilisé. L’immobilier est maintenant rééquilibré, les prix ont commencé à remonter dans quelques Etats. L’immobilier est le fondement de la richesse des ménages et de leur confiance en l’avenir. A leur tour, les administrations locales ont compris leurs limites et ont déjà réduit leurs dépenses. Brutalement, mais c’est comme ça aux USA….L’Etat fédéral va donc suivre. Savoir comment relève de la politique locale que les étrangers ne doivent pas chercher à comprendre, seul compte le résultat.
Alors, pour les marchés , beau fixe ?
Non, pas encore. Et pas partout.
Le marché des obligations souveraines semble dangereux. La reprise économique quand elle viendra fera remonter les taux. A 2% par an sur le long terme, et même à moins, y investir n’a pas de sens.
Le marché des corporates est un bien meilleur choix, avec des rendements bien supérieurs pour un risque limité: il n’y aura plus de faillite majeure, ni dans les banques, ni sur les grandes multinationales. Car les accords de Bâle ont inventé les entreprises systémiques, celles que les Etats doivent sauver pour éviter une catastrophe internationale. RBS, General Motors, AIG nationalisés montrent la parfaite convergence de vues entre les gouvernements: les grands principes libéraux cèdent devant l’urgence, tant mieux. Ne pas dépasser une maturité d’environ 7 ans. Même cause: la fin de la récession fera remonter les taux.
Marché des actions: les PER actuels semblent raisonnables. Même si on n’a pas revu les PER de 7 à 10 qui ont toujours marqué les creux boursiers historiques. On les verra peut-être si une baisse se produit à New York dans la foulée du fiscal cliff. Ce serait alors la bonne occasion. Comme on n’est pas sur qu’elle se produise, il faut commencer à investir.
Quels pays? Wall Street est toujours très réactif. Mais comme nous l’avons écrit ici: c’est maintenant le tour des autres. Voyez la Grèce qui a monté de 32% en 2012 dans la foulée d’élections qui ont vu les excités bien battus. Pourquoi pas la France, en s’abstenant de regarder ou écouter ses media officiels et ses débats politiques…. En Europe, Paris est en retard sur Francfort.
Pour les grands portefeuilles, le risque sera désormais de n’être pas investi en actions.