A propos de Jack Reacher de Christopher McQuarrie
Rosamund Pike et Tom Cruise
Dans une petite ville de l’Indiana (États-Unis), cinq civils sont abattus froidement par un sniper. S’il n’y a aucun rapport entre les victimes et que le massacre semble être l’œuvre d’un déséquilibré, le tueur est très vite retrouvé et confondu par des preuves matérielles. Mais lorsque le principal suspect demande à parler à un certain Jack Reacher, tout le monde se demande de qui il peut s’agir bien et où il se cache…
Second long-métrage de Christopher McQuarrie (12 ans après The Way of the Gun), Jack Reacher est l’adaptation du roman de Lee Child : One shot (en français Folie furieuse, publié en 2006). Consacré au neuvième tome couvrant les aventures du héros incarné par Tom Cruise, Jack Reacher reprend (presque toutes) les caractéristiques du héros créé par le romancier d’origine britannique. Toutes, à un détail près, c’est que le héros imaginé par Lee Child mesurait plus d’1 mètre 90 alors que Cruise ne fait qu’1 mètre 70, ce qui a choqué voire indigné les fans et autres inconditionnels du romancier (d’autant que Reacher tient son nom du verbe « reach » qui veut dire atteindre, au sens propre du terme et de la hauteur physique).
Tom Cruise
Jack Reacher est une sorte d’anti-héros qui se décrit lui-même comme un « vagabond ». Un personnage solitaire et violent donc qui applique sa propre loi et punit les méchants en vengeant les victimes innocentes qu’ils ont faites. Assisterait-on là au retour du justicier ? On n’en est pas loin. Reacher a disparu de la circulation et des fichiers du FBI depuis deux ans. Ancien officier de police militaire, c’est une inttelligence brillante qui vit terré sans qu’on ne connaisse vraiment les raisons de son isolement ni de sa misanthropie. Personnage calme en apparence mais violent (il tabasse les méchants de manière attendue) derrière son humour (l’ironie est la qualité principale et la seule marque visible d’une distance critique et d’une lucidité chez McQuarrie), Reacher est interprété par un Tom Cruise qui n’en finit pas de ressusciter depuis Mission impossible – Protocole fantôme. L’acteur, à l’image du personnage en apparence affable qu’il joue, s’en tire plutôt bien même si on oscille toujours entre admiration et suspicion devant ce visage poupin, toujours avenant et souriant, comme un masque juvénile (Cruise ne donne pas du tout l’impression qu’il a 50 ans) que l’acteur porte depuis 30 ans et qui le rapprocherait d’un Richard Gere, le côté scientologie en cadeau.
Mais soyons honnêtes, le problème de ce Jack Reacher ne vient pas tellement de Tom Cruise dans le fond. En restant de bonne foi, il est même difficile de reprocher quelque chose à l’ancienne star de Top Gun ou de Rain Man. L’ennui vient plutôt de l’absence de surprises du scénario, de la longueur du film (02 h 11) et de la lenteur de la mise en scène. L’absence d’engouement, d’enthousiasme qu’elle suscite est à l’image d’une intrigue aussi attendue que la chute du film.
On est là dans un thriller d’action qui n’apporte rien de nouveau ni d’original au genre. Reacher casse la gueule un à un à tous les méchants et les défonce placidement jusqu’à une fin assez convenue. Les héros autistes et ultra-violents auraient-ils le vent en poupe depuis Drive ? Petite déception quand même et frustration pour le spectateur : Reacher ne sort pas comme prévu avec la sublime avocate de la Défense jouée par Rosamund Pike mais la plante carrément en plein milieu d’une carrière !
Le cœur de l’histoire tourne autour d’un complot ourdi par une puissante et mystérieuse société présidée par l’inquiétant et charismatique Zec (joué par Werner Herzog). On pense vaguement à L’affaire Pellican (la violence en plus ici) mais l’intrigue se révèle assez vite peu passionnante en elle-même, sorte de débat autour de la plus ou moins grande habilitité et de la confusion entre deux snipers (dommage de ne pas avoir eu à la place un vrai débat ou une remise en question des armes à feu aux U.S.A), deux amis ayant combattu en Irak et dont l’un sera trahi par l’autre.
Ce que l’on retiendra quand même, pour finir sur une note positive, ce sont les excellentes prestations de David Oyelowo (déjà vu dans Paperboy et qui fait de plus en plus penser dans son jeu à Sydney Poitier), de Robert Duvall ou de Richard Jenkins. Pas suffisant hélas pour rattraper ce Jack Reacher et le sauver de l’ennui et de la déception dans lesquels il s’enfonce inexorablement…
http://www.youtube.com/watch?v=ZDTudf4v4Q8
Film américain de Christopher McQuarrie avec Tom Cruise, Rosamund Pike, Richard Jenlins, Robert Duvall… (02 h 11)
Scénario de Christopher McQuarrie d’après le roman de Lee Child :
Mise en scène :
Acteurs :
Dialogues :
Compositions de Joe Kraemer :