C'était écrit, promis, juré.
Mais il en fut autrement, au moins pour quelques mois. La raison est toujours la même, nous bloguons parce que nous ne lisons pas l'analyse de l'actualité qui nous convient. Nous bloguons par réaction à l'offre médiatique.
Difficile de terminer une année sans répertorier cette déception: l'alternance n'a rien changé de ce point de vue là.
L'année 2012 s'achève sur une nouvelle interrogation: avons-nous les médias que nous méritons ?
Sur le papier, l'offre d'informations est en France formidable. Le Web a permis de chambouler quelques situations acquises, mis sous pression une éditocratie surpuissante, non sans hystérie ou emballements. Et tous les médias ne sont pas à jeter, loin s'en faut.
Première déception, l'éditocratie est encore là, vivace, sans remords ni contradicteur. Cette éditocratie reste visible sur tous les écrans, toutes les ondes, jusqu'à l'écoeurement et la nausée. Théoriquement, on devrait pouvoir deviner qu'il y a plusieurs factions en son sein. En fait, le discours reste effroyablement homogène dans son conservatisme, et globalement décevant. Il y a du libéral (en économie) ou du souverainisme, point barre.
Vous me direz que nous étions prévenus, que nous n'aurions jamais créé ni alimenté nos blogs politiques si l'offre médiatique nous satisfaisait. Certes, mais cette éditocratie française finit par lasser. Elle sur-occupe l'espace: toujours les mêmes et surtout, avec toujours les mêmes défauts. Elle s'auto-buzze sans réfléchir, ses coups de projecteurs sont partiels et partiaux. Elle surinvestit le symbole Florange mais elle oublie la précarité de masse. Elle débat des petits calculs et des humeurs du monde politique, et elle ne voit plus la pauvreté que lors d'une commémoration ou le décès d'un SDF.
Seconde déception, cette éditocratie conservatrice s'est même renforcée à la faveur de l'alternance politique. France Inter a embauché Nicolas Beytout pour compléter ses chroniques économiques matinales déjà trustées par Dominique Seux des Echos. On n'attendait rien de pire de la radio de service public. Europe1, radio des cadres, s'est jetée sur Natacha Polony, qui déteste qu'on l'a qualifie de droite. Jean-Michel Aphatie a été débarqué du Jury RTL dominical mais sévit encore quotidiennement sur RTL et CANAL+. Christophe Barbier, le patron de l'Express capable des couvertures islamophobes ou anti-Hollande les plus outrancières, a pris le contrôle des matinées de iTélé. Il paraît qu'il était bien vu d'avoir son réac de service en cette rentrée médiatique 2012.
Terrifiant constat....
Troisième déception, les médias traditionnels ou pas participent mal ou peu à la bonne tenue du débat politique. Notre hystérie française, pour reprendre l'expression de Guy Birenbaum, se déploie avec aisance dans toutes les sphères médiatiques. Dans l'encombrement d'informations, il faut faire du bruit pour se faire remarquer. Les tentatives - ridicules - de quelques vieux magazines de titres fort et clair dans l'outrance et le raccourci pour doper leurs ventes hebdomadaires sont là pour illustrer la démarche.
Quatrième déception, les médias dits alternatifs sont affaiblis. Rue89 s'est réfugié au Nouvel Obs, Owni a fermé ses portes, Atlantico est un Figaro-light, le portail Ebuzzing est une machine publicitaire. Politis survit. Arrêt sur Images résiste. Et ... le morceau de choix, Mediapart n'a pas trouvé ses marques, entre chevalier blanc de l'investigation ou porte-parole engagé de l'opposition de gauche à la Hollandie.
Bref, l'alternance n'avait pas tout changé, il fallait encore bloguer.
A suivre
Billet publié sur Ragemag.