2013, année du désenchantement ou du changement ?

Publié le 31 décembre 2012 par Despasperdus

Un bilan provisoire s'impose depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République pour tenter de se projeter dans l'année qui vient.

Des mesures de gauche ont été prises telles que la taxation à 75 % des plus hauts revenus, la retraite à 60 ans, la limitation de la spéculation, l'arrêt de la RGPP à l'Education nationale et à l'Intérieur, et les hausses du SMIC et du RSA, mais en les examinant attentivement, elles trahissent leur caractère purement symbolique.

La dynamique de la victoire, propice habituellement pour marquer la rupture avec la droite et sa logique inégalitaire, est retombée comme un soufflet sans qu'une seule et large disposition de justice sociale n'ait été mise en oeuvre. La décision du Conseil constitutionnel révèle l'amateurisme, la manque d'ambition et les absurdités relatives à la taxation précitée. Voire l'incompétence notoire...

Pire, le gouvernement Ayrault et sa majorité PS-EELV ont poursuivi la politique de la droite : la ratification du pacte budgétaire, la non remise en cause de la réforme des retraites de Fillon, la poursuite de la RGPP, le budget de la sécurité sociale qui conserve les franchises médicales et qui prévoit la taxation des mutuelles et des retraités, l'aggravation de la limitation des crédits aux collectivités territoriales ou la réformette bancaire, etc.

Cette liste des renoncements au véritable changement n'est pas exhaustive. Une pensée pour les travailleurs de Florange et les résistants de Notre Dame des Landes. Sans oublier l'intervention de Hollande à la télévision grecque pour soutenir un gouvernement de droite menacé de défaite par la gauche.

Si fondamentalement depuis 7 mois, il n'y a pas de changement majeur au niveau économique et social, c'est parce que les priorités politiques n'ont pas changé en passant de Sarkozy à Hollande : la politique de la France repose sur le prétexte de la crise des finances publiques. La gauche française de renoncement à la transformation sociale promet le redressement des finances publiques... comme au Portugal, en Grèce !

Ce qu'il y a de triste et de rageant aujourd'hui,

avec

ce président de la République,

ce premier ministre,

ce gouvernement PS - EELV

cette majorité parlementaire,

c'est qu'ils n'ont pas voulu tirer les leçons des politiques austéritaires mises en oeuvre en Grèce, en Espagne, en Irlande, en Italie. Les sacrifices sociaux imposés à ces peuples n'ont servi à rien : la dette publique de ces pays explose alors que les politiques austéritaires devaient réduire l'endettement public. De plus, leurs économies sont en récession, et socialement le bilan est désastreux.

Ils auraient dû écouter le Front de gauche, à savoir que :

  • l'austérité ne sert que les intérêts particuliers du patronat et de l'oligarchie.
  • l'austérité est à la fois inutile pour réduire les déficits publics et dangereuse pour l'économie, le social et l'écologie.

Même le FMI a émis de gros doutes sur l'objectif affiché du gouvernement français de respecter la fameuse règle d'or.

Par conséquent, il est illusoire de croire à un tropisme français.

La même politique austéritaire (casse des services publics, probable baisse des allocations familiales sociales, possible nouveau recul de l'âge de la retraite, casse à venir du SMIC, éventuelle baisse des salaires et des pensions de retraite, flexibilité sociale bientôt aggravée) produira les mêmes effets (aggravation de l'endettement public, explosion du chômage et de la pauvreté sur fond récession économique et de désert industriel).

Aussi, 2013 risque de marquer l'année du grand désenchantement chez les sympathisants socialistes et les blogueurs de gouvernement... dont les plus obtus pourront toujours s'accrocher au relativisme (c'est moins pire) et au sociétal. Une méthode Coué qui n'a pas empêché la débâcle du PSOE de Zapatero ou du PASOK de Papandreou, n'en déplaise au 1er secrétaire du parti socialiste.

Pour finir sur une note optimiste, 2013 pourrait être également l'année de l'autre gauche. Il suffirait qu'un des membres du parti de la gauche européenne prenne le pouvoir pour démontrer aux autres peuples qu'une vraie alternance politique est possible avec des priorités politiques diamétralement opposées à l'austérité néo-libérale. Il n'en faudrait probablement pas plus pour que citadelle néo-libérale de l'Union européenne tombe.