La bénédiction du jour de l’An, par Edmond-Joseph Massicotte, 1912, Musée national des beaux-arts du Québec
En Occident, c’est depuis la réforme du calendrier romain par Jules César, en l’an 46 avant notre ère, que le premier janvier marque le début de l’année. Toutefois, il faut attendre l’adoption de notre calendrier moderne – le calendrier grégorien, en 1582 – pour que le premier janvier devienne véritablement le premier jour de l’année. Avant cela, selon les époques et selon les pays, le début de l’année est fixé à Noël, à Pâques ou le 25 mars (c’est-à-dire, neuf mois avant la naissance du Christ). Le premier janvier revêt également un caractère religieux, puisque cette date correspond dans le calendrier liturgique catholique à la circoncision du Christ, signification pratiquement oubliée aujourd’hui.
En Amérique française, la tradition de fêter le jour de l’an s’implante dès la décennie 1650. Le Jour de l’An est avant tout l’occasion de visiter ses parents et amis et de leur offrir voeux et présents, communément appelés étrennes. Tôt le matin du premier janvier, les hommes sont nombreux à faire la tournée du village pour souhaiter la Bonne Année et embrasser la maîtresse de chaque maison. Les femmes reçoivent ces vœux avec plaisir et offrent aux visiteurs de l’alcool – un petit verre – et des pâtisseries. Cette coutume de l’embrassade est souvent décrite – non sans surprise – par les voyageurs de passage au pays et par les Britanniques, peu après la Conquête. La familiarité de ce rituel en choque quelques-uns. Néanmoins, l’usage demeure en vogue jusque dans les années 1930.
Depuis l’époque de la Nouvelle-France, le Jour de l’An revêt un caractère religieux important avec la traditionnelle bénédiction paternelle. Le Nouvel An est l’occasion pour l’aîné des enfants de chaque foyer de demander au chef de la maisonnée la bénédiction pour toute la famille. Ému, celui-ci procède alors à la bénédiction de sa progéniture, agenouillée devant lui. La bénédiction paternelle constitue l’un des moments forts de la Nouvelle Année. Elle réaffirme l’autorité du père et précède la messe où toute la famille se rend. C’est un moment de recueillement important, où la prière suivante est généralement récitée :
Que le bon Dieu vous bénisse, qu’il vous accorde la santé tout au long de l’année qui vient et qu’il vous accorde des jours heureux, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Cette tradition était encore courante jusque dans les années 1960.
Référence :
Raymond Montpetit, Le temps des fêtes au Québec, Montréal, Éditions de l’Homme, 1978, 285 p.
Que notre Père céleste vous bénisse, lecteurs, dans cette nouvelle année qui commence.
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