Le film d’horreur contemporain peine à se renouveler. Une idée marche, des dizaines de producteurs suivent le pas en créant beaucoup (trop) d’oeuvres répétitives et sans âme, tel que les innombrables films en found footage, héritiers du succés de Paranormal Activity. Alors on veut retourner à la source. À l’origine, là où on est certain que ça marche. C’est dans cette optique que se place Possédée. Jamais, ô grand jamais, Ole Bornedal tente de créer ne serait-ce qu’un peu d’originalité dans le film. Peut être que visiter cette fois-ci le folklore juif plutôt que le folklore chrétien comme on en a l’habitude dans les films de possessions peut être source d’originalité, mais même pas.
Rosemary’s Baby (1968) et L’exorciste (1973) posent tout deux, donc à peu près en même temps, les bases du film de possession. Et jamais on atteindra plus ces sommets d’angoisse, et Possédée ne cherche d’ailleurs pas du tout cela. Le réalisateur armé de sa petite liste de course enchaîne les clichés pour ne former qu’un mélange extrêmement classique et assez peu excitant, même si quand même regardable. La petite famille en pleine crise, les enfants en balance entre les deux parents qui deviennent la cible des problèmes causés par le divorce, les recherches (un peu trop) rapide (pour être crédibles) du père, le vieux professeur qui connaît tout sur tout et qui a évidemment la réponse au problème de cette charmante famille, etc. Vu et revu. De même, le réalisateur ne cherche jamais à créer une ambiguïté quant à la réalité de cette possession, et ne pose aucune question par rapport aux problèmes d’ordre psychologique qu’un divorce peut engendrer et ainsi donner à croire au spectateur que tout ça n’est que dans la tête d’Emily.
Et pourtant, on reste devant. Peut être la compassion pour le réalisateur dont le film a totalement été charcuté par le montage du producteur. Ou alors pour le réconfort qu’apporte ce classicisme, parce que malgré tout, ce n’est pas si mal fait. On tremble, plus ou moins, on sursaute, parfois.
Pour en revenir à ce charcutage « productoriale », bizarrement, pas grand chose de marquant visuellement n’est montré. Sûrement la peur de la censure, et donc pour ouvrir le film à un plus grand public. Le film n’est ainsi qu’interdit au moins de 12 ans, et quand on sait que la promotion mentionne un démon « qui ne craint pas Dieu », on est en droit d’attendre quelque chose d’assez couillu question violence physique ou psychologique. Mais à moins que l’on ait une peur panique des papillons ou des livres qui volent, rien ne vous frappera l’esprit véritablement.
Le moment ne reste malgré tout pas désagréable, mais il est certain que Possédée vous sortira bien vite de l’esprit après la séance.