Créer, c’est, d’abord, un élan.
La lucidité est un combat permanent contre l’ego, et, en particulier, contre la propension qu’a ce dernier à nous accorder un statut de personnage indispensable.
Les jeunes générations, maintenant, n’aspirent plus qu’au confort conforme. Trouver (et garder) un travail, substantiellement gagner sa vie, devenir propriétaire en bonne et due forme de son logement et fonder une famille-refuge tout ce qu’il y a de traditionnelle ; tout tourne à nouveau autour d’un idéal « petit-bourgeois », dans le style « années cinquante ».
Les rêves hippies, soixante-huitards de changer le monde, de se chercher « une autre vie », d’expérimenter d’autres possibles sont bien loin. Le seul projet susceptible de mobiliser, d’ « engager » encore demeure l’écologie. Tout le reste est pragmatisme, repli total sur un individualisme sans états d’âme. La famille, la stabilité, la consommation…quelle étrange jeunesse frileuse !
La culture française est une culture qui pousse l’affirmation de soi (de MOI) jusqu’aux confins du ridicule.
L’idée que se font les gens, que se fait l’inconscient collectif humain dans son ensemble, de la femme est déjà, en soi, une sorte de négation de l’être humain.
Car, dans cette optique, la femme, c’est, avant toute autre chose, un être qui « donne son corps », qui, dans l’acte sexuel, l’ouvre à la pénétration de l’homme et qui, dans la gestation, « accepte » d’abriter en son sein même un autre corps, un corps « étranger », celui du fœtus. Il est normal qu’un tel état de fait marque profondément les esprits.
En conséquence, la femme apparaît soit comme « surhumaine » (cf. le mythe de la Déesse-Mère, de la grande mère aux dimensions cosmique, du « contenant absolu »), soit comme « sous- humaine» (dépouillée, par sa trop grande ouverture à l’autre, de toute possibilité d’affirmation d’elle-même). Ses « étranges propriétés » la situent, en quelque sorte, dans un autre monde, qui n’est pas celui de l’humanité commune, rationnelle, individualiste, soi disant « libre ». On ne peut pas, en effet, donner davantage que son propre corps, son intimité physique, c’est l’extrême limite.
Ce que les mâles humains et les sociétés humaines dans leur grande majorité ne « comprennent » pas, c’est cela.
La sexualité et la maternité mammifères placent la femme du côté des forces, des alchimies de la nature. Auxquelles - surtout dans le cadre des grandes civilisations agricoles, puis industrielles – est censée s’opposer toute la démarche humaine de maîtrise, de contrôle et d’affranchissement par la volonté et par l’esprit.
Que choisir ? L’action, qui a l’avantage de détourner nos esprits de trop de pensée mais précipite – dirait-on – le cours du temps par l’agitation et, donc, l’évolution perpétuelle qu’elle introduit ? Ou bien l’installation – tout aussi ambiguë au final – dans la routine qui fait de chaque heure, de chaque minute, une sorte de clone de la précédente et ainsi donne l’illusion d’anesthésier la marche du temps mais n’en est pas moins – pour rassurante qu’elle puisse être – à la longue, génératrice d’un ennui et d’une inertie qui ne sont guère loin de ressembler à la mort elle-même ?
Nous ne sommes peut-être que le reflet du reflet de notre reflet.
Je déteste voir des squelettes. Ils me rappellent trop l’avenir.
Etre doué, ou surdoué, est le meilleur moyen de se faire mal voir, voire détester et rejeter par tout le monde.
Le seul reproche à faire à la vie, c’est qu’on n’en sort pas vivant !
Si nous étions moins occupés de nous-mêmes, peut-être percevrions-nous combien chaque être est unique et peut se révéler intéressant, passionnant…riche et digne que l’on s’y arrête ! Mais la plupart du temps, nous passons copieusement à côté des autres êtres…c’est plutôt triste.
Nous ne connaissons jamais les autres, nos soi-disant « semblables » (jusqu’aux plus proches) que superficiellement. C’est – entre autres – la projection de notre moi sur eux qui nous empêche de les connaître. Hé non, que nous le voulions ou non, les autres êtres ne sont pas des miroirs !
Plus nous attendons de l’autre, moins nous sommes en mesure de le connaitre.
Ceux qui aiment l’authenticité devraient haïr la séduction. Car cette dernière est de l’ordre de la comédie, du jeu d’acteur, du leurre total.
P. Laranco