Ces derniers temps tout le monde me demande ce que j’ai fait de nouveau, ce que j’ai l’intention de faire, et je ne sais pas quoi répondre. J’invente quelque chose à la hâte, je fais semblant d’avoir des projets, des petits et des grands, même si je sais pertinemment que mes efforts sont vains. Que la tristesse est la seule à avoir survécu. C’est elle qui ballotte mon corps d’ici-là, qui me verse de temps à autre un verre de gin, m’habille et me pousse dans le monde. Ma tristesse dévergondée, qui me vend et me rachète en me frôlant à peine. Ma tristesse, millefeuille raté. La tristesse qui fait naître mes jours.
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Doina Ioanid (née en 1968) – Poèmes de passage (Poeme de trecere, 2005) – Traduit du roumain par Monica Salvan