Jacob Lund Fisker, avec son livre Early Retirement Extreme, est certainement celui qui a poussé le plus loin cette démarche. Avec sa méthode vous pourriez être en mesure de prendre votre retraite en cinq ans seulement. Son mouvement a commencé en 2007, et quelques-uns de ses disciples commencent déjà à prendre leur retraite. Jacob Lund Fisker estime que toute personne gagnant pratiquement n’importe quel niveau de revenu dans le monde développé peut prendre sa retraite en quelques années seulement, à condition réduire ses dépenses, épargner et transformer l’épargne en revenus passifs.
Jacob se situe à des niveaux encore inégalés d’existence économe, puisqu’il vit avec seulement 7’000 $ par année. Il ne mange jamais au restaurant et cultive une partie de sa propre nourriture en utilisant un jardin potager. Aucun de ses concepts n’est révolutionnaire. De nombreux étudiants les appliquent en effet déjà pour économiser de l’argent. Jacob se propose juste de continuer à vivre comme l’un d’entre eux. En vivant à bon marché et en gagnant autant d’argent que possible, on peut prendre sa retraite plus rapidement, non seulement parce que l’on a plus d’argent mais surtout parce que l’on a besoin de moins d’argent pour maintenir son mode de vie. C’est aussi un des principes que j’applique dans mon E-Book.
Analysons maintenant un cas extrême, à la manière de Jacob. Si vous gagnez $ 50’000 par an et économisez 80% de votre revenu, avec un taux annuel de 5% de rendement, dans six ans votre magot aura une valeur d’environ $ 289’000. C’est modeste, mais comme vous avez réduit vos dépenses à 20% de votre revenu, vous pouvez vous contenter de moins d’argent durant votre retraite, et ce pécule devrait durer pour le reste de votre vie. Vos dépenses sont si basses que vous avez besoin de retirer seulement 3,5% de vos $ 289’000 par an. Cette somme va durer aussi longtemps que vous pouvez obtenir un taux de rendement réel de plus de 3,5%, plus taux d’inflation. Bien que cela puisse être difficile si l’argent est investi dans des bons du Trésor à des taux historiquement bas aujourd’hui, ce rendement n’est pas impossible pour ceux qui savent comment investir dans l’immobilier, les actions et les obligations.
Mais pourquoi vivre avec si peu ?
Jacob Lund Fisker suggère de repenser notre besoin illimité de consommer. Il prône un mode de vie simple où le bonheur ne repose pas sur la consommation. Par exemple, il recommande d’apprendre à vivre sans air conditionné, déclarant que le corps peut s’adapter à des températures extrêmes. Si vous habitez proche d’où se situent vos activités, comme votre travail par exemple, vous réduisez aussi vos dépenses de manière significative. Vous pouvez également préférer un mode de transport économique comme la marche, le vélo et les transports publics. Si ce n’est pas possible vous pouvez toujours opter pour une voiture à petite cylindrée qui ne consomme pas beaucoup.
La plupart des gens achètent en permanence des objets inutiles qu’ils ne font qu’empiler dans leur maison. Les garages ne servent plus à garer des voitures, mais à stocker ces souvenirs de dépenses futiles d’un jour. En fin de compte, on paie un loyer exorbitant pour accumuler des affaires qui ne servent à rien et qui pourraient même apporter de l’argent si on les revendait. Les possessions coûtent cher, prennent de la place, demandent de l’entretien, peuvent être volées et sont difficiles à s’en débarrasser. Si vous voulez vous rendre service, vendez immédiatement aux enchères sur Internet tout objet que vous n’avez plus utilisé depuis plus de six mois. Utilisez la règle 1 in / 2 out : pour chaque objet qui rentre (achat ou cadeau), sortez-en deux (vente, don ou débarras). Enfin, avant tout achat, établissez une liste. Lorsque l’objet que vous convoitez est sur la liste depuis 30 jours et que vous le voulez toujours, allez-y ! Cela vous évitera de nombreux achats compulsifs.
Si un produit a besoin de publicité pour vous convaincre qu’il est bon pour vous, alors méfiez-vous. Les gens sont devenus esclaves des dernières technologies, car elles sont un signe extérieur de richesse et d’appartenance à la société. Mais vous apportent-elles réellement une meilleure qualité de vie ? Aujourd’hui, plutôt que de se focaliser sur l’utilité et la qualité d’un produit, on n’est malheureusement plus attentifs à la marque, au design et à la mode.
Développez vos compétences
Au lieu de payer quotidiennement pour les transports, la garderie d’enfants, des plats pré-cuisinés ou une femme de ménage, vous pouvez construire un ensemble de compétences qui vous permettent de répondre directement à ces besoins. Pourquoi travailler pour payer quelqu’un qui travaillera à votre place ? Il n’est pas nécessaire d’avoir un gros revenu pour acquérir l’indépendance financière, il est tout aussi possible de développer les compétences nécessaires pour s’en passer. Passez donc d’une position de consommateur à celle de producteur. Si vous n’agissez pas de la sorte, quel que soit le niveau de vos revenus, celui de vos dépenses tendra à s’en rapprocher. Sans la sagesse pour définir des limites, la consommation occupe en effet tout l’espace disponible.
D’une certaine façon Fisker est le contraire de Tim Ferriss. Dans La Semaine de 4 heures Ferriss a préconisé «l’externalisation», afin de vous donner plus de temps pour faire les choses que vous voulez. Fisker pense au contraire que la solution est d’inverser l’externalisation des compétences ordinaires de la vie et progressivement internaliser les compétences qui ont été acquises antérieurement sur le marché.
L’indépendance financière commence par l’indépendance tout court
Sans libre arbitre, on agit comme des moutons, on veut faire socialement bonne figure et on consomme des futilités. Dans son best seller Père riche, père pauvre, Kiyosaki nous explique que le système éducatif, avec ses récompenses à la performance (les notes), nous a appris à nous insérer bien sagement dans le monde professionnel, de devenir de très bons employés et donc de gros consommateurs. Par contre il ne nous enseigne jamais comment devenir de très bons employeurs et comment bien consommer ! En pratiquant de la sorte, on nous encourage à rester dans le système, la Rat Race, cette course au travail et à la consommation.
Le paradoxe, c’est que plus un salarié a du succès, moins il peut consacrer du temps à sa famille. Au contraire, plus un investisseur a du succès, plus il a du temps ! La liberté financière, c’est donc d’avoir à la fois l’argent et le temps de vivre pour soi. Un emploi salarié et le patron qui va avec ne vous donneront jamais cette liberté. Le salarié ne réalise pas que l’on puisse vivre des revenus d’un capital, qui ne dépendent pas, contrairement au travail, du temps qui y est consacré. Très souvent celui qui gère un capital gagne à ne rien faire et rester sage.
Quel est votre salaire horaire réel ?
Les auteurs de Your Money or Your Life proposent de calculer votre salaire horaire réel, tenant compte non seulement des frais d’acquisition du revenu, mais aussi du temps consacré directement ou indirectement à votre activité de salarié. Vous devez commencer par déduire de votre revenu net vos frais de transport, le coût de vos repas au restaurant, de vos vêtements de travail, le montant dépensé à vous détendre après une dure journée, pour soigner une maladie lié à votre emploi et même certaines vacances que vous ne prendriez pas en tant normal (cures balnéaires anti-stress)… la liste peut être longue. J’en parle dans mon E-Book, selon les situations, environ 10 à 30% du salaire net est dépensé en frais d’acquisition du revenu. J’ai personnellement comparé le montant de mes dépenses professionnelles à mon revenu net et j’atteins grosso modo les 20%. Cela signifie que je travaille un jour sur cinq pour couvrir les frais inhérents à l’acquisition de mon revenu.
En ce qui concerne le temps consacré directement ou indirectement à votre activité de salarié, en plus de l’horaire contractuel, il faut aussi compter les heures passées à vous préparer pour le travail, le temps du trajet nécessaire pour s’y rendre, la pause de midi que vous ne passez pas avec votre famille, celui pour vous détendre à la maison après le job, les loisirs comme moyen de réduire progressivement le stress, etc. Là c’est encore pire que pour le frais d’acquisition du revenu. Selon mes estimations le temps indirect consacré au travail se monte entre 30 et 50% du temps contractuel. Personnellement je dois ajouter 50% à mon horaire de travail, et là-dedans je ne compte même pas les heures supplémentaires.
Divisez le nouveau montant réduit par le nouveau nombre d’heures et vous obtenez votre salaire horaire réel. Selon mes estimations, une fois déduits les frais d’acquisition du revenu, en tenant compte des heures indirectes liées à votre activité, et en déduisant les encore l’impôt sur le revenu, le salaire horaire réel se situe entre 40 et 50% de votre salaire horaire net contractuel. En ce qui me concerne c’est carrément le minimum, soit 40%.
Energie vitale
Calculez ce salaire horaire réel et amusez-vous à convertir le prix de certains de vos achats en minutes ou heures d’énergie vitale que vous devrez y consacrer. Je l’ai fait pour moi :
- 30 minutes pour acheter un menu Big Mac
- 1h30 pour une coupe chez le coiffeur
- 4h00 pour faire le plein de ma voiture
- 5h00 pour un resto avec mon épouse
- 6h00 pour un pantalon neuf
- 25 heures pas mois pour payer le leasing de ma voiture
- 40 heures par mois pour payer les intérêts de ma dette hypothécaire
- 40 heures par mois pour nourrir ma famille
En pratiquant de la sorte, on voit certaines dépenses sous un autre angle. Ce n’est plus « je me fais un petit plaisir », mais combien de temps je vais devoir trimer pour me l’offrir. 4h00 pour seulement faire un plein de ma voiture, c’est 4h00 que je ne consacre pas à ma famille. Le jeu en vaut-il la chandelle ? A la place d’un resto, pourquoi ne pas cuisiner soi-même ? A la place du coiffeur, pourquoi ne pas se tondre les cheveux ou se les faire couper par son conjoint/e ?
Si mes dépenses sont consommatrices d’énergie vitale, mes actions payeuses de dividendes me donnent au contraire chaque mois l’équivalent de 10h ce précieux temps, sans que je n’aie rien à faire. En fait, mes « actifs » (mes titres) me permettent d’être passif, alors que mes passifs (ma maison, mon leasing) m’obligent à être actif ! Les auteurs de Your Money or Your Life nous montrent que notre société de consommation, au lieu de nous rendre plus indépendants, nous a conduits à un réseau de dépendances financières. De la naissance à la mort, nous sommes financièrement à charge de nos parents, de nos employeurs, de l’assurance chômage, des banques, des assurances et de nos régimes de retraite.
Le progrès matériel censé nous libérer nous a rendus esclaves. Le Psychothérapeute LaBier a démontré dans son livre Modern Madness que se concentrer sur l’argent ou le succès au détriment de l’épanouissement personnel a conduit 60 pour cent d’un échantillon de plusieurs centaines de personnes de souffrir de dépression, d’anxiété et d’autres troubles liés à l’emploi, y compris l’omniprésent «stress». A vous donc de choisir de vos priorités…
Suggestions pour réaliser des économies
- Se payer en premier, en mettant systématiquement de côté, et avant dépenses, une part constante (ou croissante) de son revenu.
- Cultiver un jardin potager, même sur votre balcon, avec des plantes à faible encombrement comme des tomates-cerises, des cornichons, des radis, de la roquette, du persil ou de la ciboulette.
- Cuisiner bon marché, en mangeant des produits frais et de saison (de votre potager par exemple), en mélangeant viande, féculants et légumes, et en réacommandant les restes.
- Bricoler
- Inscrire vos souhaits d’aquisitions sur une liste à 30 jours pour éviter les achats compulsifs.
- Acheter d’occasion au lieu de neuf.
- Acheter des articles durables et de qualité.
- Revendre les objets inutilisés depuis plus de six mois.
- Appliquez la règle 1 in / 2 out : pour chaque objet qui rentre dans votre maison, vendez-en deux.
- Se soigner par les fruits, les céréales et les légumes (de votre potager par exemple), vous éviterez les effets secondaires des médicaments sur votre santé et sur votre portemonnaie.
- Se déplacer sans voiture.
- Couper ses cheveux soi-même.
- S’assurer uniquement contre les gros risques et assumer les plus petits.
- Reprendre soi-même les vêtements.