Après avoir décortiqué les ventes du marché japonais du manga, commençons à regarder en arrière sur cette année 2012 en France. Comme en 2011 je profite de cette fin décembre pour vous proposer une rétrospective des lectures pour l’année écoulée, mois après mois. Avec ces 1621 mangas sortis cette année (101 de plus qu’en 2011, excusez du peu) je suis passé à travers de nombre d’entre eux en lisant « à peine » 300 tomes, mais la majeure partie d’entre eux étaient de bons titres, et c’est bien le plus important après tout !
En voici l’essentiel à travers un voyage dans le temps en deux parties, qui commence aujourd’hui par le premier semestre ! N’hésitez pas à cliquer sur les liens pour accéder aux previews.
Bonne lecture
Janvier
Beaucoup de nouveautés pointent le bout de leur nez en ce premier mois mais toutes ne vont pas m’emballer : Btooom!, Monochrome Animals ou Kuroko’s no Basket me laissent plutôt de marbre pendant que le tome 1 du tout dernier Boichi, Sanctum, me laisse sceptique. Si le trait est des plus convaincant, comment un auteur va pouvoir mixer la zone 51, le catholicisme, un triangle amoureux et la fin du monde ?! Et pourtant le mélange va prendre… Mais ultérieurement, nous en reparlerons trois tomes plus tard.
Finalement les bonnes surprises de ce mois de janvier me viendront des éditions Ki-oon et Kurokawa : Front Mission – Dog Life and Dog Style et Secret Service : Maison de Ayakashi. Sans pitié, le premier nous emmène dans une guerre cruelle et violente entre deux états ennemis, avec tout ce qu’elle a de plus froide et son lot d’injustices stupides et un scénario mené par une main de maître, celle du mangaka de Moonlight Mile. Un titre choc et réaliste, à l’opposé de Secret Service, une comédie romantique entre yokais et butler qui s’avère drôle et touchante dans les volumes suivants. On sent ici un mix de thèmes porteurs et à succès un peu artificiel au départ mais la mayonnaise finit par prendre grâce à des personnages plutôt réussis. L’humour décomplexé basé sur le masochisme en fait également une lecture assez distrayante.
On retiendra également le 6ème et dernier tome de Nanja Monja, une histoire fantastico-écologique pleine de candeur, sans être simpliste pour autant, avec un petit coté Arrietty. Attendrissant.
Février
Ce mois de février est encore un mois de nouveautés et plusieurs d’entre elles arrivent jusqu’à ma pile de lecture. J’en évoquerais 2. La première est sans nul doute la série qui m’a laissé l’impression la plus mitigée de l’année : Bonne nuit Punpun d’Inio Asano. À dire vrai, j’aurais adoré l’adorer. Mais voilà : cet ovni mélangeant drame et tranche de vie ne m’a pas convaincu, malgré mon intérêt pour son mangaka, que j’avais tardivement découvert un an auparavant. J’apprécie aussi bien sa vision de la jeunesse nippone que son chara-design mais les délires du personnage principal, Punpun, m’ont paru incongrus voir abscons… Comme le dit Christel Hoolans, directrice éditoriale de Kana, Punpun et ses délires on accroche tout de suite ou pas. Moi pas, même après trois volumes. Dommage.
Le second titre s’est montré beaucoup plus emballant. Pour rappel, ce mois de février annonçait en grande pompe le retour d’Übel blatt avec son très attendu volume 11. L’éditeur Ki-oon a eu le bon goût de faire de cette sortie un double évènement de dark fantasy avec la publication simultanée de The Arms Peddler. Sombre et au cœur d’un univers très bien imaginé, la série se montre d’emblée enthousiasmante grâce à l’un des meilleurs dessinateurs de la scène manga : Night Owl. Les volumes suivants confirmeront que le scénariste Kyoichi Nanatsuki déborde lui aussi d’imagination et parvient à s’approprier les classiques du genre : des nécromanciens, des princesses du désert, des vampires, des mercenaires tout droit sortis de Mad Max, ou même des chevaliers en armures, tout y passe sans fausse note. L’un des meilleurs titres de l’année.
Enfin, c’est à mon retour que Paris Manga que j’ai pu profiter d’un trajet en train pour savourer un volume de plus de Happy! de Naoki Urasawa. Il faut dire que ce manga sportif nous présente la fille la plus malchanceuse et la plus cruche de la terre mais que par une magie incroyable, on souhaite encore et toujours savoir comment elle va s’en sortir !
Mars
Si le mois de février est celui de Paris Manga, celui de mars est celui du Salon du Livre de Paris ! Comme la question du livre numérique était cette année en suspend, le chocobo s’est donc lancé à corps perdu dans les interviews et il a pu rencontrer une charmante mangaka : Marie Yamazaki, l’auteure de Thermae Romae, qui a bénéficié de l’une des plus grosses campagnes de promotion de toute l’année de la part de Sakka, son éditeur francophone. L’idée de départ est excellente, et même si le manga est un peu répétitif, il se reprend au quatrième volume pour un finish qui je suis curieux de découvrir .
Ce mois de mars annonce également deux autres nouveautés de taille : Billy Bat, le tout dernier Naoki Urasawa, est maintenant dans les bacs, avec deux volumes d’un coup s’il vous plait. Le titre est bon et se bonifie d’ailleurs avec les volumes. Le tome 5 m’attend sur la table de chevet et je dois avouer que je trépigne d’impatience car Urasawa a lancé tellement de pistes ambitieuses pour sa nouvelle histoire que le résultat pourrait bien être énorme. On en reparle dès que le tome 5 est englouti par votre serviteur.
Le salon du livre est placé sous le signe de la concurence puisqu’il signe un troisième titre à ne pas rater : Blood Alone, que Ki-oon réédite dans une nouvelle édition pour la sortie de son huitième tome. Je ne connais pas du tout la série, aussi vais-je la dévorer d’un coup. J’en ressors conquis par ce scénario de tranche de vie d’une jeune vampire et de son serviteur. Cette série de Masayuki Takano alterne brillamment les passages candides et attendrissant, à l’ambiance chaleureuse voire feutrée, avec des passages tournés vers l’action, très bien croqués. Un manga qui se savoure à sa sortie, deux fois par an !
Avril
En ce mois d’avril mes trois découvertes vont m’éloigner du mainstream. La première a lieu chez Kazé qui n’a malheureusement pas pu invité le mangaka de Beck, Harold Sakuishi, pour qu’il présente sa nouvelle œuvre : Seven Shakespeares, un titre sur le célèbre dramaturge britannique. Cela dit, l’auteur a beau partir du mystère qui entoure 7 ans de la vie de Sir William, il en fait une histoire complètement extraordinaire qui nous embarque au début à Chinatown, bien loin du personnage principal. Un début aussi désarçonnant que prenant mais le second volume que j’ai lu par la suite m’a donné envie de poursuivre cette lecture originale, intrigante et avec une vraie personnalité graphique.
Autre histoire très originale, celle de Wolfsmund, que je découvre d’ailleurs la même semaine que Seven Shakespeares. On retrouve encore ici un lien avec l’histoire, et pas n’importe laquelle : celle des Helvètes et la création de leur pays, la Suisse, avec le légendaire Guillaume Tell qui apparait durant ce premier tome. Cette histoire moyenâgeuse est sombre, très cruelle et même violente, aucun espoir n’y semble permis et pourtant on ne peut s’empêcher d’en dévorer les pages pour espérer que le vent tourne et que le bourreau sanguinaire, Wolfram, va payer pour ses crimes.
Un récit prenant qui débute malheureusement par un scénario en épisodes détachés les uns des autres. Ce coté feuilleton n’inspire pas les lecteurs et, pour ne rien aider, la série ne dispose pas de couvertures très alléchantes. Et pourtant le volume 3 sortant à l’automne sonne le lancement de l’assaut contre la forteresse du loup et s’avère exaltant : action survoltée et bravoure sans égal, voici une bataille qui atteint un nouveau paroxysme. Une telle réussite dès le troisième tome, c’est à ne pas rater !
Le dernier coup de cœur du mois est une nouveauté qui n’en est pas vraiment une : la réédition de Wingman m’a enchanté car j’ai retrouvé dans cet ancien titre de Masakazu Katsura tout l’amour désuet que j’éprouve pour les mangas des années 80 de mon enfance : le méchant est ridiculement drôle de méchanceté, le héros est délirant mais possède une conviction inébranlable, le trait est vieillot mais plein de charme et rien ne se prend jamais trop au sérieux. On est à fond dans la nostalgie et c’est délectable !
Mai
Ce mois de mai accouche d’un autre prétendant au titre de meilleur nouveauté de l’année : Blood Lad chez Kurokawa. Si je veux résumer tout le bien que j’ai put en dire dans cette preview ou dans cette chronique, disons que son graphisme entre Yuyu Hakusho et Gorillaz, son univers démoniaque bien pensé, ses bastons de plus en plus alléchantes et son humour bourrés de références shônen en font l’un des plus beaux lancements young-seinen de l’année. Je suis curieux de savoir qui de lui ou de Blue Exorcist mènera la danse lorsque Blood Lad aura eu le droit à sa série TV !
Du coté des nouveautés pas grand chose d’autre attirent mon attention si ce n’est le À nous deux Paris où le sympathique Jean-Paul Nishi nous présente sa vie de Japonais expatrié à Paris, avec un catalogue hilarant de cliché en tout genre. En dehors de ces débutants, une série confirmée attire aussi mon attention : Bleach, dont le tome 48 signe enfin l’arc de ces fichus Arrancars qui ont endormi la série dans une suite de combats qui manquait de saveur. Le tome 49, quelques mois plus tard, me convaincra d’écrire un papier sur ce sujet, car le nouvel arc, celui des Fullbringers, a réveillé mon intérêt. Le tome 50 et le 51 qui est arrivé chez le chocobo la semaine dernière m’ont confirmé que l’histoire est parti sur de meilleurs rails. Malheureusement il parait que cette voie ne plait pas au plus grand nombre, au Japon au moins, et qu’elle a nouveau déraillé vers ses travers et ses combats à surenchère.
Juin
Finissons ce premier semestre avec un mois de juin riche en titres prenants, arrivée de Japan Expo oblige… Civilization Blaster et son tome 3 nous présente un tour de force avec un dialogue passionnant qui dure plus d’une centaine de pages. Une joute verbale qui fait office de tour de force pour ce titre qui alterne les rebondissements et les manipulations pour une issue très incertaine. Le titre bénéficie toujours d’un chara-design un peu trop d’jeuns à mon gout mais on finit par ne plus y faire attention. Autre série en cours : Amanchu dont le tome 4 arrive à point nommé pour l’été avec son lot de paysages ensoleillés et ses personnages plein d’énergie et de bonne humeur. Un manga sur la plongée qui offre une bouffée d’air frais !
Du coté des nouveautés je me contenterai du nouveau Tetsuya Tsutsui, Prophecy, dont le second tome sort d’ailleurs le 10 janvier. Une vengeance, un coup de projecteur sur les nouvelles technologies et leur détournements à des fins manipulatrices… Tout est fort bien pensé et nous met l’eau à la bouche. Ce thriller réussit à placer son décor et ses personnages en un seul tome. Après plus de 6 mois d’attente et quelques retards on attend le 10 janvier pour lire ce nouvel opus et toutes les web-interviews de Japan Expo qui vont enfin paraître !
Enfin en ce mois de juin je terminerai avec Ippo le challenger, qui m’a progressivement convaincu avec 1 volume publié chaque mois. Le trait de George Morikawa est maintenant maîtrisé, tout comme l’est sa connaissance de l’anatomie et de la musculature humaine. Ici encore, tout comme dans Wingman, on retrouve une détermination et une opiniâtreté dans l’effort très old school, sans arrière pensée et dans la ligne droite des mangas sportifs comme on les aime. De plus, la série a beau se trouver dans sa troisième saison, le mangaka regorge toujours d’imagination pour trouver toute une galerie d’ennemis qui mérite d’être combattu.
Voilà pour le retour en arrière d’un trimestre finalement bien chargé et plein de très bon titres, tant qu’on prenne le temps de fouiller. Deux autres titres de ce premier semestre n’arriveront jusqu’à chez moi qu’en fin d’année : Samidare et I am a Hero et je vous en reparlerais la semaine prochaine. Au final, sur cette vingtaine de lectures marquantes j’en retiens 5 : The Arms Peddler, Billy Bat, Blood Lad, Seven Shakespeare et enfin Wolfsmund. Et vous, quelles sont les lectures qui vous ont marqué de janvier à juin ?