Parmi les mesures d'un autre temps que le gouvernement dépoussière figure désormais, grâce à Cécile Duflot, la dénonciation de ceux qui ne collaborent pas avec le régime.
Par Baptiste Créteur.
Aujourd'hui, Cécile Duflot, habituée des menaces et grande partisane de l'usage de la coercition pour faire appliquer sa volonté générale là où chaque individu aurait pu choisir pour lui-même, nous rappelle cette époque où le gouvernement mobilisait les Français contre les Français. On pouvait s'y attendre ; ce qui tient lieu en France d'intellectuels et d'hommes politiques reçoivent chaque année plus de points Godwin que de Nobel - mais toutefois pas autant que de subventions - et ne semblent pourtant pas avoir retenu les leçons de l'histoire. C'est donc tout naturellement que notre dictatrice en herbe demande aux Français de dénoncer les Français qui seraient propriétaires de logements vides. À l'époque, le régime voulait qu'on n'héberge pas quelqu'un, aujourd'hui il veut qu'on héberge quelqu'un ; mais comme la méthode a bien fonctionné jadis, autant employer la même.
Évidemment, les réquisitions sont contraires à la propriété privée, mais quelle importance peuvent bien avoir les principes contre la force de ses émotions ? Elle est émue par le sort des S.D.F qui ne sont évidemment aucunement responsables de leur sort. Elle constate que des logements sont vides alors que la demande existe. Pourquoi s'encombrer d'un principe que la Constitution reconnaît, et quelle est sa force face à une larme de ministre ?
Inutile de s'interroger sur les raisons qui poussent les propriétaires à maintenir des logements vacants, ni sur les raisons pour lesquelles l’État ne dispose pas d'un inventaire complet de son patrimoine alors qu'il connait si bien celui de ses sujets. Inutile même de se demander comment on peut avoir autant de S.D.F avec autant de logements sociaux, c'est à croire que les logements sociaux empêchent les S.D.F de trouver un logement... Avec des logements toujours plus inaccessibles à l'achat et toujours moins rentables à la location, on comprend que les Français aient besoin de logements mais que les propriétaires ne veuillent pas louer, donc leurs logements restent vides. Encore une fois, là où on accuse le capitalisme et le libéralisme, les causes sont à chercher dans l'intervention étatique.
Madame Duflot tente tout de même de rassurer les plus inquiets : les procédures peuvent prendre du temps – mais jamais empêcher la réquisition – si le propriétaire tente de faire valoir son droit de propriété, et elle ne veut pas stigmatiser ceux qui se battent pour faire valoir des principes que la Constitution et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen reconnaissent. Même si elle ne les aime pas, ces Français qui ne veulent pas qu'on les force à héberger d'autres Français (sauf si ce sont des syndicalistes qui ont des châteaux), elle choisit de ne pas publier de listes contenant noms, adresses, nombre de logements... L'idée lui a traversé l'esprit puisqu'elle en parle, mais elle a finalement renoncé. Stigmatiser, ce n'est pas bien : même si on ne peut que haïr ceux qui possèdent un logement de ne pas l'offrir à ceux qui en ont besoin, il ne faudrait pas monter les Français les uns contre les autres, n'est-ce pas ?
Et, ouvrant la voie à [ceux qui veulent régner par la force], les intellectuels répètent encore, machinalement plutôt que par conviction, que la croissance du pouvoir gouvernemental n'est pas une restriction de la liberté ; que la demande formulée par un groupe de disposer sans la gagner d'une partie du revenu d'un autre groupe n'est pas du socialisme ; que la destruction des droits de propriété n'affectera pas les autres droits ; que l'esprit humain, l'intelligence, la créativité sont une "ressource nationale" (comme les mines, les forêts, les cascades, les réserves naturelles et les parcs nationaux) que le gouvernement doit s'approprier, subventionner et gérer ; que les entrepreneurs sont des autocrates égoïstes parce qu'ils luttent pour préserver la liberté, alors que les socialistes sont les vrais champions de la liberté parce qu'ils se battent pour plus de contrôles du gouvernement ; que le fait que nous glissions sur une routes qui a détruit tout les autres pays qui l'ont empruntée ne veut pas dire que le nôtre le sera ; qu'une dictature n'est pas une dictature si personne ne lui donne ce nom abstrait ; et que personne n'y peut rien, de toute façon." (Ayn Rand, "For the New Intellectual")