Bonjour aux personnes autonomes
Bonjour aux zotres
Le 18/12, grâce à Wild Bunch je suis allée avec une mienne amie voir Main dans la main en avant première, gentiment et/ou humoristiquement accueillies par la réalisatrice Valérie Donzelli la réalisatrice, le producteur du film, son distributeur, Valérie Lemercier et surtout Jérémie Elkaîm, tout sourire et tout charme au vent qui a déclaré en substance qu'il était content d'être là, qu'il nous trouvait beaux (le masculin pluriel me laisse supposer qu'il ne s'adressait pas qu'à mon amie et à moi !) et que ce moment était un peu comme un premier regard, celui où tout est encore possible et où l'on ne sait pas encore si l'on va se plaire et si l'on va avoir envie de se séduire.
Eh bien Jérémie, je te le dis tout net, tu me plais !
Le sujet
Hélène Marchal et Joachim Fox n'étaient pas destinés à se rencontrer : elle dirige l'école de danse de l'Opéra Garnier et lui est employé dans une miroiterie de Commercy. Son travail l'amène cependant à l'Opéra pour prendre des mesures pour de futurs miroirs. Mu par une irrépressible impulsion, Joachim embrasse Hélène et, dès lors, ils sont liés au figuré comme au propre au point de faire, à leurs corps défendants, les mêmes gestes au même instant.
Cette involontaire chorégraphie leur cause évidemment quelques soucis et divers désagrément et surtout, elle les éloigne de leurs proches.
Mon avis
Des remarques dubitatives (plus que vraiment interrogatives)
Que voilà un curieux film ! C'est sans doute le plus beau compliment qu'on puisse lui faire même si ce n'est pas nécessairement flagrant lorsque je raconte le pitch du film autour de moi. Il ne donne pas envie.
De fait, je me suis posée la question : moi qui n'ai pas vu les deux précédents films de Valérie Donzelli (même si j'ai un temps été tentée par La guerre est déclarée suite aux éloges dont le film a été couvert), serais-je allée voir celui-ci si Wild Bunch ne m'avait pas proposé d'organiser un concours et de faire gagner des places sur mon blog ?
La réponse est très probablement non malgré le sourire enjoleur et les yeux rieurs de Jérémie Elkaïm qui m'a fait pencher la tête comme un chiot joueur devant une baballe rouge lorsque je l'ai vu interviewé chez Ruquier, malgré la présence au casting de Valérie Lemercier que j'adore. Mais voilà, la question ne s'est pas posée, j'étais invitée, je suis venue, j'ai vu, Valérie et Jérémiem'ont convaincue.
Des remarques gentilles (et admiratives)
Cependant, le véritable atout du film est Jérémie Elkaïm. Pour moi ce fut une révélation et, en m'intéressant de plus près à sa filmographie, j'ai eu la surprise de constater qu'il faisait partie du trio des Sexy Boys (souvenir potache s'il en est !) où il n'était pas spécialement à son avantage ! Ben ça alors !
En dépit de toute la sympathie immédiate et subjective que m'inspire ce garçon, je peux le dire en toute objectivité : il constitue l'incontestable point fort de Main dans la main. Il iradie. Il n'est pas crédible dans ce rôle, il est plus que ça. Il est vrai et on n'a aucun mal à croire que le personnage a été taillé sur mesure pour lui. Il l'incarne littéralement et si l'on accepte si facilement le présupposé absurde sur lequel repose le film, si l'on se laisse aller au rythme des chorégraphies du duo, si l'on croit aussi spontanément à ce couple improbable qu'il forme malgré lui avec Valérie Lemercier c'est parce qu'ils sont tous deux magistraux, que le réalisme de l'un tempère l'exubérance de l'autre, que la folie de l'une forme un équilibre parfait avec la simplicité de l'autre.
Des remarques trèèèèèèèèès gentilles (et intéressées)
En novembre, Elkaïm a obtenu un prix d'interprétation à Rome pour ce film. C'est mérité. Je le répète, il porte le film avec un naturel impressionnant et un sourire communicatif. A chacune de ses apparitions je sentais le mien s'épanouir irrésistiblement et osciller entre le modèle 18 Bis "béat" et 45 ter "niais". Jérémie Elkaïm n'est pas beau, il est beaucoup mieux que ça et, face à l'écran, je me sentais atteinte à nouveau du syndrôme du chiot à la baballe, rationnalisant mon état par une formule sans appel : "Un homme possédant un tel charme et un tel regard ne saurait être totalement mauvais".
Accessoirement, il me donne des cours de skate, de danse, de miroiterie, de langage des signes (magnifique scène inspirée d'une chorégraphie de Pina Bausch), de ce qu'il veut où il veut quand il veut !
D'autres remarques gentilles (et tout aussi admiratives)
Béatrice de Staël (à gauche de la photo ci-dessus) est une autre révélation du film. Elle est une Constance de la Porte magique et émouvante. Fragile et insupportable. Gentiment folle et douloureuse. Une casse couille attachante, un faire valoir sur le fil du rasoir entre pique assiette égoïste et femme en souffrance discrète.
Ma scène préférée est un dialogue entre elle et Jérémie Elkaïm qui constitue selon moi la clef du film et l'éclaire sous un tout autre jour.
Des remarques moins gentilles (parce que qui aime bien etc. et, comme disait Beaumarchais "'Sans liberté de blâmer gnagnagna".)
Avant cette scène qui intervient vers la moitié du film, je le trouvais juste sympathique et j'hésitais encore à lui accorder plus d'intérêt que cela. Je reproche en effet plusieurs choses au début du film.
Tout d'abord il est un brin longuet et il y a un petit passage à vide après que Jérémie et Hélène se soient embrassés. Pour que la mayonnaise prenne, pour que cette situation absurde de mouvements chorégraphiés à deux soit digeste et amusante à regarder pendant plus de 5 minutes, il faut que la cadende en soit soutenue, l'ensemble irréprochable et que les moments décrits soient singuliers et générateurs de quiproquos ou de situations insolites ou embarassantes (comme au commissariat ou au café avec le ministre). Ce n'est pas toujours le cas et le rythme s'essouffle parfois un peu.
Ensuite, les dialogues sont quelquefois très démonstratifs et appuyés et j'avais parfois envie de dire "c'est bon, j'ai compris". En revanche, les interventions mesurées de la voix of sont toujours les bienvenues et souvent pleines de sensibilité.
Enfin, j'ai le regret de le dire mais je le dois à mon fidèle lectorat : Valérie Donzelli joue comme un pied. Elle ne filme pas toujours mieux mais c'est moins grave.
Des remarques pas gentilles (même pas dictées par la jalousie...)
Lors de son interview chez Ruquier elle a déclaré à deux reprises qu'elle n'avait pas appris à faire des films et j'ai envie de lui répondre que ça se voit. N'est pas Lars von Trier qui veut et le parti pris de filmer quelques scènes
Quant au jeu de la donzelle Donzelli, c'est une catastrophe évoquée dans diverses critiques que j'ai pu lire sur le film et l'on a évidemment envie de lui conseiller, pour le bien de ses propres réalisations, de ne plus jouer dedans, fut ce un tout petit rôle comme dans Main dans la main où, heureusement, elle danse plus qu'elle ne parle.
Encore des remarques gentilles (et un sens à ce film, à la vie, tout ça quoi...)
Il y avait un malentendu avant même que j'entre dans la salle et largement entretenu par le début du film. Selon moi et quoi qu'en dise l'amie qui m'accompagnait, il ne s'agit pas tant d'un film sur le couple/les couples fusionnels (Hélène et sa colloc, Joachim et sa soeur, Hélène et Joachim) comme on l'entend et on le lit partout mais bel et bien d'un film sur la rupture, sur la difficulté de se quitter, comme je l'ai compris lors de ce qui reste pour moi la scène clef du film, celle qui a fait que je me suis avancée sur mon siège la tête entre les mains.
Dès lors, les gesticulations synchronisées des deux protagonistes prennent un tout autre sens et le film gagne en profondeur et les personnages en épaisseur. La souffrance affleure sous le vernis de la légèreté et c'est d'autant plus passionnant que cela sonne terriblement juste sur le fond malgré la fantaisie de la forme. Qui n'a pas connu cela à commencer par les deux scénaristes eux-mêmes (Donzelli/Elkaïm) ?
C'est ce que j'ai aimé, c'est ce qui fait que toutes choses égales par ailleurs, j'aime ce film.
Quelques liens
L'express Une critique qui démolit tout du film sauf... devinez qu(o)i... ?
Pure People Une interview charmeuse de Jérémie Elkaïm
Bande annonce du film
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Un ovni intéressant, sympathique et divertissant. Au final un film plus profond qu'il ne semble à première vue porté par un duo d'acteurs remarquables qui me donne envie de voir d'autres films avec Jérémie Elkaïm.