Le point d'exclamation n'est pas comme on le croit un signe de ponctuation, c'est une baffe dans ma face. Du fond de son ire méditerranéenne une vague de colère emporte mon ordi dans le jardin, quelques fringues et un téléphone portable tandis que le ciel tonnait, moins fort qu'elle, et la terre s'ouvrait sous mes pieds. Je savais ce que j'avais fait de mon après midi, la question était de savoir comment elle savait ce que j'avais fait de mon après midi. Bon, pas grave: je vais avoir du temps pour réfléchir au bien fondé de vider la corbeille de ma boite mail moi qui ai souvent du mal à me souvenir du jour où il faut sortir les poubelles. Et puis il y a toujours un plan B: il suffit de retourner à l'hôtel dont le code d’accès est valable pour la nuitée. Par contre, il allait falloir pas mal de liquide pour noyer mon cynisme. J’avais Durandal entre les jambes, et maintenant Damoclès sur la tête. Et alors ? Je n’attaquerai plus la roche au marteau piqueur, je la caresserai, lui parlerai et surtout, surtout, l’écouterai jusqu’à ce que la claire source jaillisse. A moi les longues glissades et les douces rudesses.
Pour l'heure, c'est chaud, l’italienne est caliente et il ne reste qu’une option en deux F : fuir & fissa! La petit voiture est bien là, refuge de poisson dans un bocal, emplie de ma vie pèle-mêle en sacs poubelles du déménagement improvisé.
En partance vers le pays de la mémoire et de l'oubli, les gestes maladroits, je tourne la clé pour retrouver la compagnie ronronante du moteur tandis que le mien double de volume dans cette cage thoracique si bien nommée. Il s'agite, il résiste, il tambourine encore un peu comme ça pour un zeste de noblesse puis, de systole en diastole, cesse de battre la chamade et dépose sa reddition aux pieds de sa triste fonction utilitaire. Sans beaucoup d'expérience avec les trucs qui piquent, je n’ai presque pas touché au mojito. Peu familier des bacchanales à peine ai-je tutoyé un Saint Emilion de chez Lidl dont j’ai oublié le nom et le millésime et j’avais des projets pour la tequila que j’avais qualifiée en finale mais ce n'est pas comme ça que je vais refaire mon stock "estime de soi" après ce "casse-toi, pauv' con". Il me faut plutôt et encore et sans cesse combattre ce romantisme puéril cultivé dans le champ du voisin où l'herbe est plus tendre entre l'enfance volée et l'adolescence confuse pour entrer, vaille que vaille, dans la cour des grands avec chevillé au corps le sentiment d'abandon, le sacrifice contre nature de s'amputer soi-même de son organe le plus essentiel. Bien secoué de la cale au grand mat, je récite à voie haute l'enchaînement des taches qu'il reste à accomplir afin de maintenir à flot cette vieille barcasse qui prend l'eau de toute part, trop chargées de rêves démesurés et de larmes interdites. Le roulis et le tangage du réalisme me remuent le palpitant. Je gerbe par la portière et reprends ma route, jalonnant l'abysse avec une trouille de funambule sur le fil du rasoir et la carte du tendre illisiblede mon itinéraire d'enfant gâteux
Alors la fin du monde? Bien? Pas bien? Faut voir à "l'arrivée".
Souvent au tempo trop lent de la réflexion, c'est la vie qui choisit à ta place.
Aux dernières nouvelles, la fin du monde est reporté a une autre échéance par encore prévue au calendrier.L'humanité aura une seconde chance!