Dans son lit, allongé, reposé, mais toujours dans les tourbillons de cette nuit, il somnolait, ne souhaitant pas se réveiller, ne souhaitant s'endormir. Il n'avait plus d'heure, pas d'agenda pour cette journée d'entre les réveillons, le ciel, la lumière, les nuages blancs de l'hiver, la chaleur de la pièce, il regardait dehors derrière un coin de rideaux.
La pièce était vide, mais pleine de souvenirs, de cette nuit.
Oui hier soir, il avait succombé à cette femme, à cette amitié devenue un peu plus, à des sensations mais pas uniquement un désir sexuel. Ils avaient dîné ensemble, prenant le temps de vivre une belle soirée comme d'autres repas ensemble. ils se croisaient avec une singulière irrégularité, au gré de leurs possibilités, de leurs déplacements, mais toujours ils avaient ce plaisir de se retrouver dans un café, un bar lounge d'un quartier parisien. Elle lui exposait ses dernières trouvailles, son métier créatif, ses découvertes chez des artisans du design, elle se levait toujours en le voyant arriver, grande et longiligne, avec ses lunettes rouges si caractéristiques. Elle l'embrassait , le serrait dans ses bras. Ils avaient une affinité de créativité commune, des inspirations communes, tant de conversations devenues parfois complicités, des échanges sans vocation mercantile, mais des confessions de l'un à l'autre sur leurs dernières idées. Il lui soumettait ses envies, ses projets, elle validait, critiquait, riait avec magie.
Elle faisait de même, il regardait ses prototypes sur sur Imachine, il suggérait, il ronronnait, il montrait son désaccord, ainsi chacun était le miroir de vérités, de qualités et de défauts de l'autre, de détails grossis, de corrections à venir. Ils s'étaient croisés par hasard et avaient construit inconsciemment ce lien, gardé ce mystère complice.
Hier soir, le hasard avait décalé le jeu d'une case, elle l'avait emmené chez elle, souriante, élégante dans sa tunique de soir noire sur un pantalon de smoking au féminin. Ils avaient bu du champagne, ri et comme toujours commenté leurs études, leurs projets, leurs créations mutuelles.
Et puis soudain, l'alchimie avait fait qu'ils s'étaient mués en deux corps en fusion, en un corps et des multiples courbes, de la chair, de la sensualité, des caresses, des baisers, des bulles de sensations. Champagne, voile de lingerie, mains douces, il se souvenait, n'osait sortir du lit, pour ne pas quitter cette bulle d'infinie émotion.
Nylonement