[Critique] L’HOMME QUI RIT

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Note:

Origine : France
Réalisateur : Jean-Pierre Améris
Distribution : Marc André Grondin, Gerard Depardieu, Emmanuelle Seigner, Christa Theret, Arben Bajraktaraj, Romain Morelli, Fanie Zanini, Serge Merlin…
Genre : Drame/Historique/Romance/Adaptation
Date de Sortie : 26 décembre 2012

Le Pitch :
Gwynplaine, un jeune garçon abandonné et mutilé au visage, se retrouve dans une tempête de neige, où il sauve Déa, une enfant, d’une mort certaine. Ils seront tous deux recueillis par Ursus, un saltimbanque vagabond au grand cœur…

La Critique :
Victor Hugo, vrai créateur du Joker, vous le saviez vous ? Si ce n’était pas le cas, maintenant c’est fait ! En effet, le personnage au visage mutilé et au sourire éternel, est né du roman philosophique intitulé L’Homme qui rit, publié en 1869 par Victor Hugo. Dans l’œuvre de Hugo, ce personnage s’appelle Gwynplain, et il a fortement inspiré le monde littéraire et cinématographique, et ainsi le personnage du Joker, le célèbre méchant du comic book Batman.

Concernant le film de Jean-Pierre Améris, il convient de dire tout d’abord, que l’œuvre est très originale. On a d’ailleurs davantage l’impression d’assister à une pièce de théâtre, qu’à un film. L’histoire de nos trois saltimbanques y contribue forcément, mais pas que, tant le film a cette valeur intemporelle. On se trouve nulle part et il n’y a que très peu de décors. Ce que l’on sait, c’est que l’on est sous la royauté, vers la fin du 17ème et le début du 18ème siècle. L’histoire se déroule et se concentre à quelques endroits précis très réduits. Ce qui a mon sens, donne encore plus de force à cette œuvre magnifique, car on reste captivé tout le long, attendant la suite.

Dès le début, l’univers de L’Homme qui rit nous plonge dans une fantasmagorie très présente et plaisante. L’univers est noir et froid, puis la majorité des scènes ont lieu la nuit, ce qui amplifie l’aspect du conte fantasmagorique. Les plans sont peaufinés et la photographie est éblouissante. Le film est vraiment riche et merveilleux, il mélange plusieurs univers différents, plusieurs ambiances et il y a aussi beaucoup de couleurs. Les plus belles scènes vibrantes sont magnifiées par ce souci esthétique constant.

L’interprétation générale n’est pas non plus négligeable car globalement très bonne, avec une mention spéciale pour les trois têtes d’affiche. À savoir Gérard Depardieu, touchant et superbe dans ce rôle, Christa Theret, très bonne dans le personnage de la jeune Déa (que l’on retrouvera bientôt dans Renoir) et Marc-André Grondin, (le sosie de Gaspard Ulliel !) qui est talentueux à souhait dans le rôle principal. Mis à part quelques personnages un peu surfaits, comme le grand méchant, ou encore quelques troubles faits, et Emmanuelle Seigner que j’aime pourtant beaucoup, qui est ici quelque peu décevante (avec ce côté Marquise de Merteuil un peu trop dans le surenchère), la majorité du casting est en adéquation parfaite avec le film.
Dans les petits bémols, on peut être assez déstabilisé par une mise en scène particulière, un peu brouillonne, qui peut s’avérer confuse, mais cela ne gâche en rien le film.

Il y a du merveilleux et de la féérie dans la réalisation, cela s’apparente plus à un conte qu’à une histoire bien linéaire. En fait, il s’agit d’un vrai conte philosophique qui mélange les genres. On passe de la pauvreté et de la méchanceté, à la beauté et l’amour. Certaines scènes sont vraiment prenantes et touchent directement le cœur. Il est question de cruauté, d’amour éternel, mais surtout de conditions sociales et d’inégalités. Deux thèmes très chers à Hugo, auteur éclairé, qui s’illustreront avec virtuosité et panache dans un plaidoyer final très intense. Le message de l’œuvre est fondamental, universel et peut paraître cruellement d’actualité.

Cela fait tout simplement du bien de voir cette originalité, cette fraîcheur et cette qualité dans le cinéma français, surtout lorsqu’il s’agit d’adapter un roman de l’un des plus grands auteurs français. L’histoire est un beau message d’amour, de tolérance, d’égalité et de simplicité qui touche. Beaucoup de tristesse cependant s’en dégage, accompagné par une musique sublime en parfaite symbiose avec cette jolie réalisation qui finit avec virtuosité.

@ Audrey Cartier

Crédits photos : EuropaCorp Distribution