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Un hopital kenyan se transforme en prison pour femmes

Publié le 28 décembre 2012 par Zafro @zafroland

Lazarus Omondi le directeur de l'hôpital Pumwani à Nairobi (Kenya) fait l'objet d'accusations d'emprisonnement de mères de famille. Il atteste que c'est le seul moyen pour garder viable son activité.

Deux mères vivant dans un appartement délabré d'une pièce non loin de l'hôpital l'attestent aux journalistes. Après leur accouchement, l'hopital Pumwani empêche les femmes de partir si la totalité de leurs factures n'a pas été payée. Dans leur cas les factures qu'elles n'avaient pas pu honorer s'élevaient à $60 (45 euros) et $160 (121 euros). Les gardes les ont frappées avec des bâtons car elles tentaient de partir avant le paiement de ces montants.

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Cette photo a été prise le 14 décembre 2012. Maimouna Awuor, 44 ans, a parlé à la presse officielle à Nairobi. Elle et une de ses consoeurs ont été empêchées de quitter l'hôpital après leur accouchement, bousculées, car elles ne pouvaient pas régler leurs dettes.

Dans une interview Omondi, le directeur, a déclaré à propos des 350 mères qui donnent naissance chaque année dans son institution

Nous vous retenons jusqu'à ce que nous ayons notre du il me semble que c'est normal (...) L'hôpital doit bien recevoir de l'argent pour payer ses factures d'électricité, d'eau. Et nous devons payer nos docteurs et notre personnel.

Les gens restent là jusqu'à ce qu'ils payent. Ils doivent payer. Si ce n'est pas le cas l'hôpital fera faillite.

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La cour kenyane devant laquelle cette affaire a été portée a déclaré que de telles pratiques étaient illégales. L'hôpital Pumwani est affilié aux institutions locales d'Etat et ne devrait pas agir ainsi. Les clientes font partie des populations les plus pauvres de Nairobi et ont rarement quelqu'un qui pourra parler en leur faveur.

Maimouna Awuor (en photo ci-dessus) était déjà une mère de famille de 4 enfants lorsqu'elle donna naissance au cinquiéme en 2010. Comme beaucoup d'autres sa vie est rythmée de petits boulots dont elle espère gagner assez chaque jour pour nourrir ses enfants. Maimouna a déclaré qu'elle avait réussi à économiser $12 (9 euros) pour cet accouchement qu'elle prévoyait dans une établissement aux prix moins élevés. Au dernier moment ils ont décidé de l'envoyer à l'hôpital Pumwani. Après son accouchement, ne pouvant pas régler la somme de $60, elle fut retenue avec une soixantaine d'autres mères et enfants qui étaient dans son cas.

On dormait à 3 ou 4 dans un petit lit. Ils nous insultaient, nous titillaient, Maïmouna parlant des équipes hospitalières.

Durant son emprisonnement c'est son aînée de 9 ans qui s'occupa des autres enfants avec l'aide des voisins qui leur donnèrent à manger. Elle failli perdre sa maison dont le loyer coûte $18 par mois (13 euros). Elle a été libérée après 20 jours de captivité quand le maire de Nairobi a décidé de payer sa dette. Les politiciens kenyans en général possèdent un budget pour de telles choses.

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Margaret Anyoso, 35 ans, fut emprisonnée durant une semaine alors qu'elle ne pouvait pas payer sa facture de $160, facture due aux complications qu'elle eu durant son accouchement.

Les autres mères de famille, parties civiles dans cette affaire, parlent des mauvais traitements infligés. L'une atteste qu'on ne lui avait même pas remis un drap pour couvrir son nouveau-né après ses quelques jours d'emprisonnement et elle du l'envelopper dans sa chemise. Les autres parlent du fait que tant que leurs factures ne sont pas payées elles ne peuvent même pas voir leur enfant, y compris leur famille à l'extérieur.

L'hôpital ne dépense-t-il pas indirectement de l'argent en plus en retenant ces dizaines de femmes ? Ne leur donne-t-on pas à manger chaque jour ?

 


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