J'avais peut-être "trop" d'espérance en arrivant. Il faut dire que la Guerre est déclarée était selon moi un film brillamment réussi. La légèreté du sujet du nouveau film n'était pas pour me déranger. C'est tellement rare de voir une comédie dramatique brillante que je me régalais d'avance. L'affiche baignait dans la même couleur rose.
J'aurais dû mieux lire le synopsis : Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l'Opéra Garnier, Joachim, lui, est l'employé d'un miroitier de province. Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu'ils puissent comprendre ni comment ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer. C'est physiquement impossible. Comme si de l'instant de leur rencontre Hélène et Joachim se mettaient malgré eux à valser dans un infernal duo.
Qu'on puisse reconnaitre le paysage meusien dès les premières images participait au plaisir. Dévaler la campagne à skate ... il fallait oser. Et ce n'est pas moi qui vais regretter les plans sur la si belle ville de Commercy, son château, ses éoliennes et ses madeleines. N'oublions pas que je suis Lorraine de coeur !
La réalisatrice associe les extrêmes sans état d'âme, la campagne et la ville, le château du roi Stanislas et le Palais Garnier, Paris et New-York. Elle décline toutes les fusions possibles, entre un frère et sa soeur, entre deux amies, entre un homme et une femme (malgré les différences d'âge et de milieu social) ...
Valérie Lemercier est formidable, comme d'habitude. Peu d'actrices sont capables de descendre les Champs-Elysées avec grâce, drapée dans un "simple" rideau de soie. Et elle fait plus que cela.
De très belles scènes alternent avec des séquences à mon sens moins réussies (celles qui veulent démontrer le coté fusionnel des couples). Les plans sur l'Opéra sont magnifiques. Tout le monde n'a pas le loisir de contempler son plafond d'aussi près, peint par Chagall doit-on le rappeler ? Quelques répliques qui sonnent justes comme je veux pas qu'on m'aime pour de mauvaises raisons.
On se souviendra de Jérémie Elkaim ré-interpréter la chorégraphie créée par Pina Bausch pour le spectacle oeillets en 1983, sur la déclaration d'amour chantée par Sophie Tucker, "The man I love" que Gershwin avait composée.
Les trentenaires d'aujourd'hui auront sans doute du mal à imaginer combien cette manière de danser était d'avant-garde.
Jérémie Elkaïm est très juste, comme toujours. Je gage qu'il a dû conseiller le choix des musiques, une de ses spécialités. Jennifer Saunders chantant I need a hero ce n'est pas nouveau. On l'a entendu dans Shrek, mais cela fonctionne très bien. Plus formidable est Micheline Presle nous donnant la Vie parisienne, en anglais s'il vous plait, sur une musique de Francis Lai. Et la chanson du film, par Elli (Medeiros) et Jacno, est un régal mélancolique.
Quant à Electricity, d'orchestral Manoeuvres in the dark ... le titre est tout à fait emblématique de l'esprit Donzelli-Elkaïm. Sautillant, dynamique, décapant.
Pour toutes ces qualités on a envie de laisser une belle chance au film qui va se défendre lui-même, par le biais de sa bande-annonce qui, à mon avis, correspond tout à fait à l'esprit du long métrage.
Main dans la main