Ces larmes qui sourdent de la fêlure que l’homme est à lui-même, sont donc une échappée qui ouvre sur une profondeur, sur un mystère qu’aucun savoir ne peut saisir.
Elles nous rappellent que l’homme est plus grand que lui-même, plus grand que ses actes, plus grand que sa vie. Voilà pourquoi, au cœur du pire, il y a encore l’espérance.
Soeur Anne LécuMédecin en prison, elle est confrontée chaque jour à la souffrance physique et existentielle. Conseils pour accueillir les larmes :
1 Mettez-vous en présence de Dieu
Chaque jour, prenez un temps gratuit, de silence, pour Dieu. Soyez simplement là, sans rien faire, sans pas trop penser, en silence, comme un ami avec son ami. Et si vous tremblez de ne pas savoir quoi lui dire, murmurez un verset de psaume, ou une parole biblique, répétez-la sans vous y agripper.
2 Apprenez la lucidité
Lisez la Bible, tout spécialement l’Ancien Testament, et découvrez-y avec quel réalisme la vie des hommes y est contée. Au travers des histoires d’amour, de violence, de pouvoir, d’idolâtrie et de bonté, lisez-y votre vie, telle qu’elle demeure, et apprenez, à travers elle, à voir la réalité en face.
3 Éveillez-vous
Cultivez le goût du beau, de tout ce qui réjouit les sens : écoutez de la belle musique, lisez de la poésie, préparez avec soin le repas afin que votre vie soit hospitalière, accueillante.
4 Faites preuve de sobriété
Fuyez ce qui anesthésie le regard et le cœur, et fuyez spécialement l’accusation mutuelle, y compris dans les petits détails du quotidien. Usez de sobriété envers les techniques qui ont envahi nos existences, et envers ces « divertissements » qui provoquent l’absence de présence à soi-même, aux autres et à ce qu’on fait.
5 Recevez les larmes comme un don
Ne recherchez pas les larmes, mais ne les fuyez pas non plus. Si elles vous viennent, accueillez-les comme un secret. L’expression « don des larmes », dont parle la spiritualité monastique, suggère qu’elles sont un cadeau à recevoir, venu de cette source intérieure sur laquelle on ne peut mettre la main. Un cadeau qui jaillit de ce fond de l’être que certains nomment la « trace de Dieu ». Laisser déborder ses larmes a quelque chose à voir avec la transcendance. Ce n’est pas seulement un signe de déploration. Les larmes sont aussi un réveil, car seuls les vivants pleurent. Qui pleure a le cœur brûlant.