Les premières cultures agricoles du néolithique nous ont livré les plus anciennes structures en bois connues. Situés en Allemagne, ces puits ont plus de 7000 ans. Ils ont été datés grâce à la dendrochronologie, une technique qui utilise les cernes du bois.
Il ne s’agit ni d’une tombe, ni d’un temple ou d’une cabane. Les plus vieilles structures en bois connues au monde sont quatre puits retrouvés dans la région de Leipzig en Allemagne. Ils sont l’œuvre des hommes de la culture Rubanée, appelée ainsi à cause du décor en ruban de ses céramiques. Cette culture est la première à avoir maitrisé l’agriculture en Europe Centrale et constitue un des points forts du Néolithique européen. L’équipe de Willy Tegel et Dietrich Hakelberg de l’université de Fribourg a montré par dendrochronologie que l’abattage des arbres utilisés datait d’entre 5206 et 5098 av. JC.
Les puits étaient construits à partir de bois de chênes aussi anciens qu’imposants. Ils ont été abattus à l’herminette, un outil qui ressemble à une hache dont la lame aurait pivoté de 90 degrés. Les traces retrouvées sur le bois montrent des techniques de bucheronnage avancées. Les chercheurs ont également retrouvé divers objets gorgés d’eau au fond de ces puits comme des restes de plantes, des récipients en écorce, de la corde ainsi que des céramiques richement décorées. Ainsi scellés, ces artefacts sont restés protégés des ravages du temps pendant plusieurs millénaires.
La révolution néolithique
La sophistication des objets retrouvés nous renseigne sur ce tournant majeur de l’humanité. C’est en effet à ce moment que les chasseurs-cueilleurs d’Europe ont commencé à se sédentariser et à pratiquer l’agriculture. On parle de révolution néolithique, une période pour l’étude de laquelle la dendrochronologie nous fournit de précieux renseignements.
La dendrochronologie est une des techniques de datation les plus précises. Elle se base sur les séquences des cernes des arbres. L’épaisseur de celles-ci nous renseigne sur les conditions météorologiques de chaque année et les chercheurs considèrent que sur une bonne durée, généralement 50 ans, les motifs que forme l’alternance des années sèches et des années pluvieuses ne se répètent pas. Il "suffit" alors de caler la séquence des cernes de l’artéfact à dater sur une frise de référence pour savoir à quelle année correspond chaque cerne. Du coup, et c’est le grand défaut de la technique, il est impossible de faire une datation si l’on n’a pas la base de données qui correspond à la région et à l’espèce d’arbre étudiées.