L'administration d'un diurétique permettrait de réduire la sévérité des symptômes chez des enfants autistes.
Sébastien BohlerLe bumétanide réduirait « significativement » la gravité des symptômes de l'autisme.
Pour en savoir plus
E. Lemonnier et al., A randomized controlled trial of bumetanide in the treatment of autism in children,Translational Psychiatry, vol. 2, e202, 2012.
L'auteur
Sébastien Bohler est journaliste àCerveau&PsychoSelon une étude de l’Inserm réalisée sur 60 enfants autistes, un diurétique nommé bumétanide pourrait réduire les troubles associés à cette pathologie, notamment la difficulté à interagir socialement et à communiquer. Les trois quarts des enfants traités ont vu leurs symptômes s’améliorer significativement sur différentes échelles d’évaluation de l’autisme, telle laChildhood autism rating scale, passant du niveau « haut » au niveau « moyen ». Concrètement, un enfant qui refuse le contact avec un éducateur lors d’un jeu, peut, après trois mois de traitement, accepter spontanément le jeu et y participer. Les parents des enfants ainsi suivis jugent globalement que leur enfant est « plus présent ».
Quel est l’effet du bumétanide ? Il réduit la concentration en chlore dans les neurones. Selon diverses études, des concentrations trop élevées de cet ion pourraient être à l’origine de déséquilibres dans le fonctionnement des neurones. Un neurone trop chargé de chlore peut ainsi devenir insensible à certains « freins » moléculaires qui opèrent en permanence dans le cerveau, garantissant le fonctionnement efficace des neurones en réseaux. En diminuant la concentration de chlore, le diurétique rétablirait ainsi le rôle équilibrant de ces freins moléculaires, tel le GABA, principal neurotransmetteur inhibiteur du cerveau.
Le traitement testé, même s’il est efficace, n’est pas curatif, puisque les symptômes réapparaissent dès son arrêt. Néanmoins, il est important de restaurer la capacité de communiquer pour que l’enfant se dote de compétences pratiques et sociales qui, à long terme, diminueront l’impact de son trouble sur sa vie quotidienne. La prochaine étape consitera à élargir ces observations à l’aide d’études menées dans plusieurs centres de traitement en Europe.