ProD2 : opérations coups de poing. (Top 14 - ProD2) posté le mercredi 02 avril 2008 19:17
bagarres, prod2
La dernière journée du championnat de ProD2 a été l'occasion de deux mémorables parties "de manivelles", bagarres générales conclues, pour quelques joueurs, mais également des supporters, par des blessures assez sérieuses, des cartons rouges et, au moins un dépôt de plainte.
A Pau, tout d'abord, l'invicible (ou presque) armada Toulonnaise s'est rappelée au bon souvenir des amateurs de rugby nostalgiques du temps des Champ, Louvet et autres corsaires de la rade, quand la première mêlée occasionnait souvent une "générale" destinée à calmer les véléités adverses. Samedi dernier, les Palois et les Toulonnais ont donc assuré le spectacle de boxe à défaut de celui de rugby.
Et le lendemain, devant des caméras qui ont vite détourné pudiquement leur regard devant l'horrible pugilat généralisé, les Agenais et les Montois ont vidé une querelle débutée lors du match aller.
Dans les deux cas, la violence des échanges a pu heurter : les grands coups de moulinets arrivant la plupart du temps dans le vide, auxquel on assistait généralement dans pareille situation, on laissé place à de véritables guet-apens menés à plusieurs sur des joueurs à terre.
Ce qui frappe surtout (sic), c'est que les deux bagarres ont mis aux prises des ténors du championnat : une ancienne gloire bien décidée à revenir dans la course (Pau), deux clubs dont les moyens financiers et les ambitions dépassent de beaucoup le cadre exigü de la ProD2 (Agen et Toulon) et un candidat à la montée, bien calé dans le peloton de tête du championnat (Mont-de-Marsan). On est loin des "petits" clubs luttant dans l'obscurité du bas de classement.
Alors comment expliquer cette soudaine flambée de violence ?
En premier lieu, on ne doit pas se cacher la réalité : même professionnelle et nourrie des recettes du Top14, la ProD2 reste une division rugueuse, ou le combat l'emporte souvent sur le reste, ce qui provoque parfois des échanges moins policés qu'à l'étage sportif supérieur.
Ensuite, on peut se demander si la pression que les "gros" clubs subissent ou s'imposent (n'est-ce pas Mourad ?) ne provoque pas un trop plein de stress chez les joueurs qui ne supportent pas de se voir surpassés par leurs adversaires ou qui, plus prosaïquement, expriment avec leurs poings leur frustration sportive.
Par ailleurs, il ne faut pas écarter le fait arbitral. En ne s'imposant pas suffisamment, en laissant les débats s'envenimer, en particulier dans les phases de "frictions" que sont la mêlée et les rucks, les arbitres de proD2 ne contribuent pas toujours à apaiser les débats. Cet argument est avancé par le président du RCT qui estime que les équipes qui affrontent Toulon abusent de moyen illicites et violents. Il n'a pas tout à fait tort.
Il ne faudrait pourtant pas accuser systématiquement l'arbitre et oublier ses propres turpitudes : un club qui a des moyens ne doit pas jouer les divas, car à la fin, cela agace et engendre des comportements "à la limite". Sans insinuer que les "petits" ont raison de s'en prendre aux "gros", on peut estimer que l'humilité est une vertu trop souvent oubliée chez certains (et pas seulement dans le sud-est de l'hexagone...).
Enfin, même si les bagarres font aussi partie du jeu (qu'on le veuille ou non, le rugby est un sport de combat, qui exarcerbe parfois les passions), on aimerait que les professionnels se comportent comme tels : les crachats, les fourchettes et les coups de poing répétés à des joueurs au sol ne sont pas tolérables.
La ProD2 est devenue, grâce notamment aux "gros" clubs, un championnat de plus en plus relevé. Il va lui falloir assumer ce statut et faire le ménage dans les comportements.