Le Graoully déchaîné a 5 ans.

Publié le 27 décembre 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Il faudra songer à changer de phrase d’introduction pour la nouvelle année, celle-ci commence à faire kitsch… En attendant, un peu d’histoire.

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Ce siècle avait sept ans. Nous sommes en I après N.S., tout le football français est occupé par les fachos. Tout ? Non ! Quelque part en Lorraine, une petite tribune résiste encore et toujours à l’envahisseur. C’est dans cette petite tribune qu’une poignée de supporters qui avaient autre chose que de la bière dans le cerveau, ont décidé de ne pas laisser à l’extrême-droite, assumée ou non, le monopole des médias dans le pays messin ; et quand on n’a pas les moyens de créer un quotidien susceptible de concurrencer Le Ripoublicain lorrain, le journal de la vieille droite rance, quoi de mieux que de profiter de la liberté dont on jouit sur Internet ? Les fachos ne se gênent pas dès qu’il s’agit de déverser leur bouillie haineuse et xénophobe sur la toile, pourquoi se retenir de les contre-attaquer sur ce terrain ? Il n’y avait pas à se poser plus de questions : de ces évidences, de la volonté de quelques individus qui ne voulaient pas voir leur parole confisquée par des monstres, du simple désir de ces citoyens de s’exprimer librement, sans censure ni terrorisme intellectuel, est né l’un des médias les plus épatants qui soient, celui-là même que vous êtes en train de lire.

Je n’ai pas participé à tout ça ; je suis breton. Brest, ce n’est pas la porte à côté, c’est même à l’autre bout de la France. J’ai pris le train en marche, comme on dit, plus précisément en 2010 quand, après quelques mois voire quelques années de déshérence, Jérôme Lambour, épaulé par d’autres personnalités, a décidé de faire renaître Le Graoully déchaîné de ses cendres. J’ai été « recruté » via internet par la vice-présidente de l’époque, qui ne me connaissait alors qu’un seul point commun avec elle, en l’occurrence une saine détestation de l’abominable Philippe Val. J’ai répondu présent à l’invitation qui me fut faite de participer à ce webzine : c’était un rêve d’enfant pour moi de participer à une aventure médiatique. Je faisais mon malin, mais j’étais inquiet : à l’époque, je me concentrais sur mes dessins et n’écrivais plus d’articles depuis un moment, persuadé que je n’étais pas spécialement doué pour ça ; sans le Graoully, je n’aurais pas osé en refaire… Quand j’ai commencé, je me suis demandé si mon travail était vraiment à la hauteur de ce que les graoulliens attendaient de moi, mais j’ai obtenu assez rapidement une réponse positive à cette question : j’ai été vite adopté par l’équipe qui m’a accueilli à trois reprises en Lorraine, m’ouvrant la porte de leurs domiciles et me bombardant même secrétaire général de l’association au moment de la création de cette dernière – j’ai démissionné depuis, laissant la place à Jonathan Hoesch, autrement plus légitime.

Dans cette aventure, il y a eu quelques coups durs à encaisser : la parole libre n’apporte pas que des amis et j’ai parfois reçu des commentaires…disons désagréables, mais ça fait partie du jeu, on ne peut pas plaire à tout le monde, et comme disait Coluche, on est toujours vedette avec un minimum de public : même en ne plaisant qu’à 1 % du public potentiel en France, on fait tout de même un carton… Il y a aussi eu des conflits internes, ça arrive toujours dans l’associatif : à chaque fois, pour ne pas envenimer les choses, j’ai opté pour la neutralité aussi longtemps que je n’étais pas personnellement concerné. Quand, suite à un désaccord avec Jérôme, la vice-présidente qui m’avait recruté a claqué la porte pour créer un autre webzine, j’ai refusé de prendre clairement parti, ne me sentant pas concerné par la rixe, et j’ai continué à écrire pour le Graoully comme si de rien n’était : après tout, la naissance d’un nouveau confrère est toujours une bonne nouvelle. En revanche, quand un autre collaborateur s’est mis à insulter personnellement toute l’équipe, et donc moi aussi, parce que nous avions fait l’erreur de laisser un jeune homme publier sur notre site un article de mauvaise qualité défendant des idées…disons douteuses (mais pas nauséabondes), ça a été plus dur à encaisser : du jour au lendemain, aux yeux de ce monsieur que je n’avais jamais personnellement rencontré, j’étais devenu, de même que les autres graoulliens, un valet du capital, et j’ai même été traité de « baveux » alors que je n’avais eu aucune part active dans la décision qui avait conduit à cette erreur… Enfin, les chiens aboient et la caravane passe ! Encaisser des insultes ad hominem, ce n’est pas encore trop grave, c’est même plutôt assez marrant, puisque des injures de ce genre déshonorent surtout celui qui les profère. Ce qui a été plus dur à digérer, c’était quand des individus sans courage réussissaient à nous empêcher de nous exprimer : il y a eu les piratages qui nous ont privé d’accès au site, parfois pendant plus d’une journée (il faut d’ailleurs rendre hommage à notre webmaster qui, jusqu’à présent, a toujours su faire face à ces attaques) et surtout, il y a eu l’arrêt brutal de notre émission de radio par RPL : nous avions donné de notre temps, de notre énergie et un peu de notre argent pour enrichir leur antenne, et voilà comment on était remercié ! Mœurs légères, qu’ils disaient ! Mon cul, oui ! Quand tu veux faire piquer ton chien, tu dis qu’il a la rage ! Nous n’étions pas assez rampants aux yeux de ces gens qui voulaient sauvegarder leurs subventions, oui ! Carte blanche, qu’ils disaient : carton rouge, oui !

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Mais après tout, comme le dit la sagesse populaire, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Personne n’est mort de ces coups durs, ni le Graoully, ni votre serviteur, ni aucun autre des individus qui, au gré de leur fantaisie, de leurs révoltes, de leur imagination, contribuent, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, à faire vivre ce webzine devenu incontournable dans le paysage médiatique mosellan. Pour quelques déceptions, pour quelques prises de bec, combien de satisfactions et de grands moments de joie ? Pour rien au monde je ne me priverai de la possibilité de m’exprimer en toute franchise, de pouvoir laisser libre cours à mes colères et à mon imagination. Je n’aurais échangé contre aucune fortune la joie que nous avons eue quand l’article de Jérôme sur l’affaire de la banderole « Gegen nazis » a rencontré un succès international ; même avec le couteau sur la gorge, je ne revendrai pas le souvenir que m’a laissé la soirée de soutien au Graoully organisée en août 2011 avec ces artistes formidables que sont Lisa Louize, Fabrice Colombero et Éric Mie. Et surtout, quand je n’ai pas le moral, rien ne me remonte mieux que la lecture des textes de mes camarades graoulliens : quand ils sont inspirés, je ne peux m’empêcher de me dire « Ah là là, qu’est-ce que c’est bien, qu’est-ce qu’on est bons ! » et je suis fier d’être des leurs… Alors oui, merci à toute l’équipe, à ceux qui sont là chaque semaine pour enrichir le site, merci à ceux qui ne sont plus là mais qui reviendront peut-être un jour, merci à ceux qui ne viennent plus qu’occasionnellement, merci à ceux qui ne sont pas encore là et qui sont déjà les bienvenus ; et bien entendu, merci à vous, amis lecteurs sans lesquels nous ne serions rien et caetera.

Je suis assez content de ce texte, bien qu’il fasse un peu trop « autocongratulation ». Bah, on n’a pas tous les jours cinq ans, hein ! Joyeux anniversaire, Graou ! Allez, salut les poteaux !

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