Sous les eaux

Par Anne Onyme

Sous les eaux - Mario Tremblay

JCL, 146 pages

Résumé:

Un peintre professionnel montréalais accepte de réaliser une fresque dans l'église du petit hameau de L'Anse-Saint-Jean, dans le Bas-Saguenay. Cependant, son travail est rapidement perturbé par l'intérêt croissant qu'il porte à la légende d'un grand voilier allemand qui aurait coulé près du village à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette quête personnelle dérangera inévitablement les habitants de ce lieu bucolique, qui pour la plupart ne veulent à aucun prix entendre parler de cette fable, surtout le curé avec lequel l'artiste n'a visiblement aucun atome crochu. Malgré tout, ce mystérieux bateau que l'on croit enfoui dans les profondeurs du fjord du Saguenay allumera les passions et le peintre découvrira que l'humain en général n'est ni bon ni mauvais, mais tout simplement humain.

Mon opinion:

Ce court roman porte bien son titre. "Sous les eaux" à cause du naufrage, mais aussi, parce qu'à la lecture nous avons le sentiment que beaucoup de choses se cachent sous la surface...
Victor est un peintre plutôt discret dans la vie. Des blessures passées l'empêchent de s'engager totalement et il se tient à l'écart des frasques de son groupe d'amis artistes, qui représentent une brochette hétéroclite de personnages tous plus singuliers les uns des autres. Il accepte la commande d'une fresque dans une église, sans trop savoir pourquoi. Il n'est pas particulièrement pieux et son travail est souvent choquant, rempli de confrontations à la religion et de mythologie.
Beaucoup de choses restent nébuleuses à la lecture, alors qu'on a l'impression que le livre regorge de réponses cachées bien enfouies sous les mots. On pourrait creuser et spéculer longtemps après cette lecture. C'est un roman très étrange, qui nous offre une histoire non linéaire, comme s'il s'agissait d'une tranche bien découpée de la vie de Victor, du temps où il travaille sur la fresque. La perception de Victor de la religion, son interprétation et les joutes oratoires qu'il a avec le prêtre de l'église sont percutantes. Tout n'est pas offert facilement au lecteur. C'est intéressant, différent et j'ai beaucoup aimé, même si je n'ai pas l'impression d'avoir tout déchiffré ce qu'il y avait à comprendre. Ce roman mériterait une relecture. Il laisse une impression étrange d'inachevé, mais en même temps de complexité lorsqu'on tourne la dernière page...

Sous les eaux a remporté le Prix La plume Saguenéenne 2007.