Roman - 176 pages
Editions Gallimard - août 2012
Pim est orienté vers une filière d'apprentissage qui lui permettra de ne plus s'ennuyer sur les bancs de l'école et de rapidement gagner sa vie. Le secteur de la boucherie en Bretagne, ça recrute beaucoup. Pour Pim c'est une révélation, un moyen d'expression comme une activité artistique. Un amour pour ses objets de travail, une passion tellement grande aussi pour les vaches qu'il côtoie pendant sa période d'immersion chez un éleveur normand qu'il se considère comme le meilleur pour s'occuper de leurs futures carcasses, parce que l'acte de boucherie est trop important, trop valeureux pour être mal fait, pour être fait sans art et sans manière.Ce qui frappe tout d'abord c'est cette langue poétique, flottant au dessus de la réalité, décrivant un Pim rêveur, passionné, presque envoûté. Et très rapidement, un constat s'impose : c'est très documenté, le vocabulaire très précis de l'univers de la boucherie est présent à chaque page. Impossible pour Joy Sorman d'avoir écrit avec un lexique technique sans en connaître précisément l'univers sur le terrain. Cela m'a été confirmé avec son interview visible sur Babélio. C'est pour ça que j'ai été accrochée, que j'ai lu ses lignes en sentant les odeurs de carcasses tièdes mêlées à la Javel, en voyant le travail de découpe des bouchers ou de l'épluche sur les lignes d'abattoir. Je respecte énormément le travail des employés de ces métiers de la boucherie et ceux que je peux côtoyer sur leurs lieux de travail m'ont appris sans le vouloir à porter un regard différent sur ces professions repoussantes pour une grande partie de la société.
Extrait :"Il faut aimer les bêtes qui nous apprennent à mourir puisque nous mourrons tous de la même mort, il n'y aura pas de quartiers, elles nous disent qu'il n'y a pas d'échappatoire, pour elles comme pour nous, c'est la même carcasse à l'arrivée"Alors lire des mots si beaux sur un travail aussi ingrat, sur ses employés du froid, du sang, de la chair, c'est assez rare pour être souligné. A travers l'apprentissage de Pim, c'est celui de l'auteure Joy Sorman qui transparaît.L'amour de la chair vivante, c'est l'amour du corps des femmes et du travail du muscle bovin ou porcin. Comme une bête on fait l'amour, comme un artiste on sépare les pièces de viande. Cependant, Comme une bête n'est pas forcément à recommander aux végétariens anti abattage, ni aux effrayés de viande saignante. Rassurez-vous cependant, les abattages sont pratiqués après étourdissement de l'animal.... Ouf, pas de polémique à ce sujet !Amour à mort, amour de la chair, aimer et tuer l'objet de l'amour, tuer pour mieux aimer.D'abord roman autour d'un Pim différent, sensible, déterminé et solitaire, on bascule ensuite quasiment dans un documentaire sur l'univers de la boucherie.
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