NOËL
Voici les fruits mûrs de l’hiver
Les poèmes doux d’un poète
De dix-huit ans et l’air
Léger comme de la couette
Tout au fond de la bouteille
La dernière goutte de solitude
Et par-dessus quelques abeilles
Le pain sucré des habitudes
Et voilà chevaux d’enfer
Wagons mal balayés
La gare encore hier
Habitée par l’âme forte des châtaigniers
Rapprochons-nous à deux pas de l’amour
Cueillons une goutte de rosée
Glissons-là aux oreilles des sourds
Afin que tout compte soit payé
A Saint-Avé au bord de moi
La soupe dans l’énorme marmite
Exhale cette odeur de petits pois
Ecossés à la va vite
Seigneur couchez-moi là
Parmi les trèfles que j’ai aimés
A côté de la femme aux lilas
Qui les vend à trois francs au marché
La prière d’un poète à l’âme de paysan
Vaut bien celle d’un esthète
Surtout s’il n’a que dix huit ans
Et n’a jamais connu quartiers en fête
Les filles de pluies sont douces
Flexibles comme la ligne d’un roseau
Un moineau malgré cela tousse
Mon Noël est un long sanglot
Serge- Mathurin Thébault