Najat Vallaud-Belkacem est porte-parole du gouvernement
et s'occupe aussi d'une tâche les plus ingrates, les droits des Femmes. La bonne cause qu'on ressasse depuis des lustres sans jamais daigner y apporter de remèdes massifs. Juste un peu plus que
la moitié de la population du pays souffre d'un affreux besoin récurrent de rappeler qu'en matière d'égalité, le compte n'y est toujours pas.
Nous étions en 2012, et il était surprenant qu'un ministère des Droits des femmes soit enfin (re)créé. Pourquoi avait-il
disparu ? La France est un pays de mâles. Pour certains, à gauche ou presque, c'était trop politiquement correct. Dommage pour eux.
Le sujet a de nombreuses fois été évoqué dans ces colonnes. L'actualité s'y prête, la crise aggrave toutes les inégalités, y compris
celles-ci. Sous l'ancien régime, la promotion des droits des femmes fut épisodiquement défendue:
la présence de quelques ministres femmes à forte personnalité ou la parité gouvernementale (provisoire) dès mai 2007, sans oublier la loi sur l'égalité
salariale dans les entreprises (mais sans sanction), masquait mal combien le sujet restait évacué de la politique publique d'ensemble. Le pire fut atteint avec l'effroyable réforme des
retraites, celle qui devait nous sauver. Les femmes étaient majoritairement
perdantes: elles travaillent davantage à temps partiel, ont des salaires moins élevés, et des carrières plus morcelées par le chômage que les hommes. A la dernière minute et pour
lâcher quelques biscuits à la contestation, le gouvernement Sarkozy avait fait une avancée pour les mères de famille nées avant 1956. Et c'était
tout.
En 2012, l'actualité féministe était aussi ailleurs. Comme avec les Femen, ces militantes ukhrainiennes qui
défilent seins à l'air pour mieux marquer les esprits. Leur dernière intervention, volontairement provocatrice comme elles le reconnaissent elles-mêmes, s'est déroulée en France, au milieu d'une manifestation parisienne contre le mariage pour tous. Il se trouvait
quelques charmants Samaritains pour courser les jolies jeunes filles, et leur arracher quelques dents d'un coup de talon. Les Femens avaient eu le courage d'aller au front et de dévoiler jusqu'à
quelles extrémités violentes la rage de certains peut les conduire.
Ailleurs dans le monde, la cause féministe était plus grave encore. Comme en Egypte, où les agressions contre les femmes se
sont multipliées place Tahrir l'été dernier, jusqu'à celle d'une journaliste de France
contrainte de taire sa souffrance. Ou, comme chaque année, en Afghanistan. En Arabie Saoudite, une militante dénonçait l'improbable
incroyable, les maris barbus dotaient leurs épouses de puces électroniques pour mieux surveiller leur déplacement hors des frontières du royaume. Dans un pays plus latin, le Brésil, une jeune fille avait mis sa virginité aux enchères pour
payer ses études. L'été dernier, les Jeux Olympiques de Londres nous ont montré des athlètes voilées tandis que d'autres couraient nues dans une publicité déconcertante.
En France, la cause était prétendument
entendue, ... et pourtant. Le candidat Hollande avait publié
quelque 40 engagements concernant les femmes. Ce n'était pas rien et il faudra s'en souvenir.
Les élections législatives de juin ont confirmé que les mâles sont encore là aux commandes. La présidence Hollande promettait plusieurs réformes sociétales, mais l'égalité des droits n'est pas la plus mince. Pourtant, la parité ne fut pas satisfaite dans les candidatures du parti socialiste à ce scrutin pourtant essentiel.
Les railleries salement machistes qui ponctuèrent les premiers pas de la
ministre Duflot n'étaient pas sans rappeler qu'il faudra encore quelques temps pour que l'évidence s'impose: le respect est une exigence qui doit s'imposer à tous.
Il y avait aussi, encore et toujours, ces publicités choquantes. Quelques exemples nous ont heurtés, comme ce vendeur de
canapés qui comparait un trio de femmes à un trio de hyènes. Même dans le Nouvel Obs, une publicité obscurantiste contre l'avortement avait réussi a
provoqué l'émoi. Un magazine de jeux videos s'effondra à comparer la dernière version de
Lara Croft comme un appel bienvenu au viol de l'héroïne.
Le combat n'est jamais terminé.
Cette fois-ci, à l'heure des traditionnels bilans d'une année écoulée, nous pouvions au moins nous rappeler,
enfin, quelques mesures, des symboles petits ou grands qui méritaient une attention.
- Un référent par cabinet ministériel pour l'égalité des droits (juin)
- Une conférence sociale pour discuter, notamment, de l'égalité professionnelle (juillet)
- Une nouvelle loi contre le harcèlement (août)
- Des ABCDaires de l'égalité homme/femme pour les écoles (septembre)
- Le remboursement à 100% de l'IVG (octobre)
- Un plan d’action contre l’homophobie (octobre)
- Un comité interministériel sur les droits des femmes (novembre)
- Un décret en décembre qui renforce les obligations des entreprises de 50 salariés et plus, le gouvernement renforce les exigences vis-à-vis des entreprises en matière d'égalité professionnelle.