Bienvenue à vous, Hervé et Stéphane.
547 jours et nuits coupés du monde.
Le temps de 2 grossesses.
Vous renaissez aujourd’hui, sans être tout-à-fait morts, mais presque.
Vous arrivez à peine que les polémiques vont naître. Pas d’images en direct, votre avion à 500m des journalistes qui meublent comme ils le peuvent sur des émotions supposées, des sentiments imaginés, des familles en sanglots…mais ils ne voient rien, ils sont à l’écart, seuls les familles et le président accompagné de Carlita ont accès à l’avion. Ca veut dire de la non information garantie. On meuble. Et on nous informe (???) que dans quelques instants (des heures en fait) il va sans doute (et bien non) se passer ceci (rien)…Et donc ça râle déjà, parce qu’on voulait de l’émotion dégoulinante en live sous les caméras, sinon, à quoi ça sert de libérer ces otages dites-moi? Nous sommes en train de rater un événement très très important disent-ils.
Mais surtout, il y a les tweets incessants et non stop de centaines d’anonymes tous plus informés et informants que les autres.
On vit surtout en live un nouvel exemple du pire du net, de ses réseaux sociaux et de l’overdose de communication allouée à tout-à-chacun qui veut se faire remarquer. Les journaleux en direct en savent moins que les personnes en studio qui lisent tout et n’importe quoi sur le web. « On nous dit sur les réseaux sociaux que… » « Selon le tweet de machintruc, il se passe…. » « Ca y est, d’après trucmuche sur tweeter… » « On a rien pu voir d’ici, mais on nous dit sur le net que… »
Grotesque.
Creux.
Vide.
Blablablablabla.
Des heures de direct où il ne se passe rien, répétition en boucle de lecture de tweets qui informeraient que……
A l’image du monde aujourd’hui en fait, et ça Hervé et Stéphane, c’est ce que vous allez devoir apprendre sur votre métier de journaliste.
Vous êtes devenus les sources d’informations les moins bien informées. Ou les moins écoutées. Vous perdez du temps à vérifier vos sources alors que l’info vient d’ailleurs, à la seconde près.
Elle vient surtout de n’importe où, n’importe comment et sans source généralement.
De gugusses avec un ordi ou un smartphone. Un téléphone intelligent. Souvent plus intelligent que son propriétaire, c’est vrai.
C’est un tweet qui a semé la panique du concombre espagnol, avec des centaines de millions d’euros de dégâts subséquents, en pertes de marchandises, d’emplois, en faillites…. Pour rien. Rien! Un tweet.
Voir le nombre hallucinant de conneries qui tournent et sont reprises sur les murs de FB m’afflige.
Entre les appels à disparition parce qu’un ado a 2 heures de retard et les appels à disparition d’une gonzesse du sud de l’Espagne il y a 6 ans (« appel urgent » ça s’intitule), les videos exclusives-qu’on-a-fait-censurer-sur-Youtube, et le reste, le peu de recul (????? le total non recul en fait)-parce-que-je-veux-me-rendre-intéressant(e) est désespérant.
Et puis, au milieu de cette décadence de la surenchère de la connerie propagée qui nous désespère, il y a vous.
Vous qui êtes capables de survivre 18 mois dans des conditions qu’on imagine peu enviables.
Survivre, espérer, tenir, surmonter.
Merci pour cette leçon.
Juste basée sur les valeurs de volonté de l’Homme.
Aller chercher au fond de soi les ressources pour ne pas sombrer.
Se sentir vivre parce qu’on respire et que l’on pense.
Et pas se sentir vivre sur le néant du nouveau dieu vivant: le réseau social.
Je vous laisse, on nous dit par tweet qu’il paraît que vous…..
Xavier, tweetéluia