Status facebook: « grand nettoyage! »

Toi aussi, tu l’as lu sur le mur de tes ami(e)s (enfin, l’amitié, faut définir…)
Ca veut dire que tu as oublié pourquoi ces gens sont devenus tes zamis virtuels, ce qu’ils t’ont apporté pour que tu les acceptes un jour, pourquoi ils sont là ou plus.
Ou parfois, dans ton G, tu t’es demandé quel était ce numéro et tu as poussé sur « delete ».
« Voulez-vous vraiment effacer le numéro? »
Enter.

Ce soir, je cherchais l’email d’un pote en « B ».
Juste au-dessus de lui, il y avait un autre « B », avec un numéro de téléphone.
Celui de mon amie Corinne.
A qui je vais dire adieu vendredi, avenue du silence à Uccle, au crématorium.
Avenue du silence.
C’est un numéro auquel je sais qu’on ne me répondra plus jamais.
C’est un numéro qui ne m’enverra plus de sms pour me dire « qué nouvelles m’chou? ».
C’est un numéro que je ne communiquerai plus à personne.
Et je sais aussi que sur facebook, la petite lumière verte ne sera plus allumée quand dans ces périodes de soirées solitaires, on papotait des heures.
Je me souviendrai toute ma vie de cet après-midi il y a quelques dizaines de mois, où sur un parking de Grez Doiceau, j’ai reçu un appel qui disait « Xa, je peux te parler? »
Et je restais abasourdi d’apprendre en quelques minutes les dernières nouvelles de Coco.
Dépistage, not good, mais un flot d’optimisme, de maîtrise, de « je vais te la niquer cette merde », et de rires dans la voix.
Je me souviendrai toute ma vie de dimanche passé, quelques heures « service traiteur bonheur » chez elle avec Flo et Jerry.
Elle a encore ri. Elle faisait de l’humour. Elle a parlé beaucoup, de tout et de rien.
« Allez, au revoir m’chou et à bientôt hein »

Et jeudi, tu es partie.
Je n’entendrai plus tes rires.
Ni tes « m’chou ».
Mais je ne les oublierai pas.

Et ce soir, je fixais mon téléphone.
J’ai pas envie de l’effacer ce numéro.
Parce que même s’il ne s’affichera plus jamais, je sais pourquoi il était là.
Je ne voulais pas, moi, de ce nettoyage.
Et toutes celles et ceux qui t’ont connue savent de quoi je parle.

Xavier, je t’aime m’chou. Ris fort là-bas.