Prérequis: 28 personnes tuées dans un accident, c’est effroyable et dramatique pour chacune des familles, chaque cercle d’amis de ces personnes, qu’elles aient 10 ou 55 ans, qu’elles parlent le néerlandais, le français, le suédois ou le polonais. Et se projeter dans cette douleur est aisé pour chacune et chacun d’entre nous, qui connaissons toutes et tous un enfant de cet âge, un enseignant de cet âge.
Vous l’avez fait, je l’ai fait.
Ceci dit, l’information eut voulu que l’on traite dans les médias un terrible accident qui a fait 28 victimes et de nombreux blessés, accident dont on ignore absolument la probable cause, mais dont on connaît juste le terrible décompte de victimes. Condoléances aux familles et aux proches. C’eut été cela, l’information.
L’information, c’est depuis hier matin, non stop, en permanence, des émissions spéciales plus identiques les unes aux autres, avec en boucle les mêmes images vues 50 fois (le car explosé que l’on tracte vers un hangar, le car dans le hangar, des hélicoptères sur une route), des flashes de non information puisque l’on ne sait rien, des interventions d’experts qui n’ont pas non plus une bribe d’information et qui posent des hypothèses, des mesures à prendre, des analyses à faire, des voeux pieux, le tout dans des traitements divers et multiples en télévision, en radio, en presse dont le seul objectif non avoué est de maintenir l’audience à son apogée.
L’information, c’est dramatique larmes effroyable horrible encastré broyé emotion charge émotionnelle enfant belgique deuil dramatique larmes effroyable horrible encastré broyé emotion charge émotionnelle enfant belgique deuil dramatique larmes effroyable horrible encastré broyé emotion charge émotionnelle enfant belgique deuil dramatique larmes effroyable horrible encastré broyé emotion charge émotionnelle enfant belgique deuil dramatique larmes effroyable horrible encastré broyé emotion charge émotionnelle enfant belgique deuil, et bis repetita…
L’information, c’est le témoignage de quidams qui ne connaissent ni de près, ni de loin ces personnes et qui, la gorge serrée dans des trémolos de larmes, exposent sans pudeur leur douleur intense pour un drame qui ne les concerne pas.
Catharsis nationale.
Facebook envahi de condoléances.
L’information, c’est donc un flot vomitif de techniques diverses et variées pour arracher des larmes dans les chaumières, pour exposer l’image la plus indécente en prévenant qu’ils se sentent obligés, au nom de l’information, de montrer ces images très dures, très personnelles, très…non informatives. Parents en larmes, albums photos des enfants.
Mais d’un voyeurisme certain.
Je ne joue pas.
J’ai une pensée sincère pour toutes ces familles, je mesure leur douleur et je pense au car qui a emmené Princesse V en classes vertes, je suis heureux que tout se soit bien passé, et je l’ai embrassée bien fort.
Bien entendu.
Mais.
Mais mesdames messieurs les journalistes et les rédactrices/teurs en chef, ne pensez-vous pas en faire un peu trop dans vos trop grandes louches…?
22 enfants et 6 adultes, cela méritait effectivement un traitement de l’information.
Pas une course au voyeurisme sensationnel depuis 36 heures sans discontinuer, celle que vous avez si bien organisée, récupérée, diffusée, alimentée.
Presque aussi bien que les politiques.
En Afrique sub saharienne, 3000 enfants meurent chaque jour du paludisme.
Un enfant toutes les 30 secondes.
Dites-moi, n’ai jamais vu, entendu, lu une édition spéciale à ce sujet?
A-t-on pleuré une seconde sur son mur facebook pour cela?
A-t-on organisé une seconde de deuil national, de recueillement, de silence?
Que ces 28 personnes reposent en paix.
Et qu’on nous la foute aussi, la paix.
Xavier, trop is te veel