Barcelone, Alcala, Salamanque, enfin (et surtout) Paris jalonnent brillamment la formation intellectuelle de cet étudiant atypique et illustrent ses contacts avec quelques penseurs célèbres, enseignés à cette époque : Albert le Grand, P. Lombard, Érasme… Parallèlement son mode de vie ascétique s'accentue et déjà surgissent les premiers démêlés avec les services de l'Inquisition, simples escarmouches, au cours desquelles Inigo sait se montrer, à la fois, énergique et déférent. Après les études de grammaire au collège Montaigu, c'est à Sainte-Barbe, sous la houlette de Juan de la Peña, qu'il passe, avec succès, sa maîtrise de philosophie; il a quarante ans, il ne lui reste que vingt ans à vivre.
Maître Inigo veut toujours sauver les âmes. Des pratiques ascétiques, de plus en plus rigoureuses, s'avouent comme autant de symptômes de conflits intérieurs mal réglés : agression camouflée en geste de compassion (épisode du voleur de Reims), autopunition corporelle (baisement de sa main qu'il croit atteinte de la peste). C'est aussi l'époque du changement de prénom : celui d'Ignace l'assimilant plus étroitement au martyr d'Antioche.
A Montmartre où, dans une humble chapelle, saint Ignace de Loyola et ses premiers compagnons prononcent leurs vœux : Le 15 août 1534, c’est en somme la fondation des jésuites : Ignace de Loyola est accompagnés de Pierre Favre et François Xavier, Jacques Lainez et Alphonse Salmeron, Bobadilla et Simon Rodriguez qui sont tous savants, décidés, enthousiastes et passionnés par le Christ et son évangile. Il n’ont qu’un seul but, suivre le Christ, et ils formeront la Compagnie de Jésus.
Ils ne savent même pas qu'ils viennent de fonder l'un des plus grands ordres religieux de l'histoire. Ce qu'ils savent, c'est que jamais ils ne seront des moines. Ils ne songent même pas à vivre ensemble. Ils n'ont en tête que de servir. Comment? Ils iront demander au Pape. Pour eux, c'est là la meilleure solution...Après un bref retour à Loyola, puis un projet avorté de nouveau pèlerinage à Jérusalem et malgré quelques épreuves, incompréhensions, controverses, il fonde, avec l'appui du pape Paul III, la Compagnie de Jésus (27 septembre 1540), dont il rédige lui-même les Constitutions.
crois en Dieu
comme si tout le cours des choses dépendait de toi,
en rien de Dieu.
Cependant mets tout en oeuvre en elles,
comme si rien ne devait être fait par toi,
et tout de Dieu seul.
Propos qu'on attribua à Ignace de Loyola lui-même, mais que l'on doit en fait à Gábor Hevenesi ( Vásárosmiske/Hongrie 1656 - Vienne 1715), jésuite hongrois.
Suivre le chemin du Christ, à l'école d'Ignace de Loyola ; c'est « Chercher la présence de Dieu en toutes choses ... » ; cela inclut une relecture du vécu qui permet de prendre en compte sa propre expérience et d'en tirer profit. Reconnaître ses dons, les développer, et accepter ses limites... Ignace est un homme de notre temps : un homme de désir, qui met en avant le destin du « sujet ».
Ignace va mettre par écrit la manière de marcher, de rechercher la volonté de Dieu : ce sont les Exercices Spirituels. Il balise ce sentier de grande randonnée, indique les étapes, les passages et les conditions pour que " ça passe ".
Son originalité a été de dire : l'homme ne trouve pas Dieu seulement dans la prière. Il le trouve aussi dans l'action, dans le service des hommes. Autrement dit, une action peut valoir une prière et exiger la même abnégation. Comme à son époque, nous vivons de grands changements culturels, et cela requiert des outils pour un discernement.
" Quand nous sacrifions nos intérêt
au service de Dieu, Il avance plus nos affaires que nous aurions fait nous-mêmes si nous avions préféré nos intérêts à son service."
Maxime de saint Ignace de Loyola.