Quand j’ai rencontré Claude Ber, je lui ai demandé laquelle de ses publications elle me conseillait de lire. Ce fut « La mort n’est jamais comme », publiée une première fois en 2003, rééditée par les éditions de l’Amandier. La mort si proche, c’est la réalité la plus présente, la plus implacable. « La mort fait de la langue entière un charabia ». Claude Ber s’y confronte. Il ne s’agit pas de la vaincre, de l’apprivoiser ou je ne sais quoi d’obséquieux, de soumis. Elle creuse dans les mots, elle frappe sa tête, elle casse un verre, elle ouvre un tiroir, elle fixe la folie, elle ose « une parole étrangère à la parole », si près de « l’inhumainement humain ». Elle découpe ou plutôt, elle utilise les découpes qui, au théâtre, permettent d’obtenir une focalisation très précise. Pour ne pas se laisser distraire de son propos, de ses bribes, de ce qui reste. « Ce qui reste parfois je l’appelle poème ». C’est le premier vers du recueil. Elle fait sienne cette injonction de Pindare : « Mon âme (…) épuise le champ du possible ». Mais ce ne sont pas seulement les mots écrits qu’elle triture, c’est aussi les mots proférés, portés devant elle, une façon, sa façon d’être avec les autres. Et il faut l’entendre lire pour en prendre la mesure. Elle avance, ses mots avancent comme on lève son verre : « A la vie ! »