Le retable de Konrad Witz, œuvre majeure du patrimoine genevois, est de retour au Musée d’art et d’histoire (MAH). Depuis juillet 2011, cette pièce de 1444 a été soustraite au regard du public pour bénéficier d’importants travaux de restauration et de conservation.
Je rappelle ici ma visite au conservateur du Retable à Genève, Victor Lopez et de son équipe en 2011.
Cette œuvre, d’autant plus exceptionnelle qu’elle date d’avant la Réforme, elle a marqué l’histoire de la peinture, a rappelé jeudi le conseiller administratif en charge de la culture Sami Kanaan. L’un de ses quatre panneaux, la Pêche miraculeuse.
A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l'arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l'artiste s'est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 - 1519
Albrecht Dürer 1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
« Le travail fantastique de l’équipe de restauration a permis de redécouvrir totalement l’icône du musée, une réalisation essentielle, très fragile », s’est réjoui Jean-Yves Marin, directeur du Musée d’art et d’histoire. Œuvre de référence, le retable du peintre bâlois est toujours cité et très demandé, a-t-il expliqué. « Le musée est sollicité environ une fois par semaine pour un prêt. » Le retable a en effet miraculeusement traversé les siècles. Initialement placé dans le maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre, il a en grande partie échappé à l’iconoclasme protestant qui s’est abattu sur la ville dès 1535.
Konrad Witz - visage du Christ lacéré détail MAHG ©
Marqués par les années, ayant connu des restaurations plus ou moins heureuses, les quatre volets du retable ainsi que leurs cadres devaient être restaurés. L’aspect structurel posait notamment problème, avec pas moins de 29 fissures. Les restaurateurs se sont penchés sur l’œuvre avec les plus grandes précautions, documentant au fur et à mesure toutes les étapes de leur travail.
Aujourd’hui le retable est à redécouvrir, au musée d’art et d’histoire de Genève, avec sa nouvelle chromatique et des éléments mis à jour. Sa restauration, d’un montant de 200 000 CHF (166 000 €), a été réalisée grâce au soutien de la Fondation Hans-Wilsdorf.
Photos courtoisie du conservateur et restaurateur Victor Lopez du MAHG