André Manoukian, après toutes ces années…tu es encore là ?
Et toujours aussi motivé ! La Nouvelle Star, c’est mon bébé. Tu sais, l’instrument que je préfère reste la voix, je me pose toujours une question : pourquoi un chanteur me donne des frissons pourquoi un autre qui chante bien ne me fait rien… Je me pose toujours beaucoup de questions philosophiques et existentielles sur les émotions…on est proche de la physique quantique. Comment ça se fait ? J’en parle souvent à Sinclair, lui en est à sa troisième saison, et il se pose les mêmes questions… C’est comme si on me demandait, tu aimes encore le piano ? Évidemment ! Jusqu’au dernier moment… LA voix, c’est l’instrument le plus direct. C’est la grâce à l’état brute. Quand Camélia-Jordana est sortie de la Nouvelle Star, je lui ai demandé à quel moment elle s’est rendue compte du pouvoir de sa voix. Elle m’a dit jamais, parce que quand je chantais à la maison, mes parents me disaient d’aller dans la salle de bain, je leur cassais les oreilles. J’étais scié, elle se rendait pas compte de ça…
Les critères ont-ils changé ? Es-tu plus exigent ?
Je marche encore à l’épiderme. On marche tous à ça, c’est d’ailleurs ce qui cause la plupart de nos embrouilles. Après, c’est vrai je suis plus sensible aux voix de filles graves, je l’ai déjà dit. J’ai cherché à savoir pourquoi j’étais autant attiré par ce type et j’ai trouvé la réponse il y a deux ans dans un bouquin du XIXème siècle de Joséphin Péladan qui s’appelle L’Androgyne. Il nous explique que la beauté est androgyne. Si on remonte à Égypte ancienne et qu’on regarde les statues des Pharaons, si on enlève les attributs masculins et féminins, le visage est le même. Ce qui est beau c’est qu’on retrouve un peu de masculin dans du féminin, et un peu de féminin dans du masculin… Et là, on comprend pourquoi les filles deviennent hystériques quand les garçons chantent en voix de tête…Regarde les Beatles, même Jean Jacques Goldman. Les filles tombent dans les pommes quand les garçons chantent avec une voix aigüe. A contrario, les garçons aiment les chanteuses aux voix de velours, les Tina Turner, les Amy Winehouse…
As-tu vécu des traumatismes dans la Nouvelle star ?
Peut-être l’élimination de Camélia Jordana. Soan n’a pas volé sa victoire, parce qu’il a un véritable magnétisme. Il me fait penser à un personnage des vieux films de Jean Vigo, tu sais l’Atalante. Le problème de Soan, c’est que son magnétisme est à géométrie variable. Des fois dans la même chanson il était ultra intense puis il en sortait complétement… En fait j’ai compris qu’il nous calculait… il regardait nos réactions… En fait, chanter c’est un acte d’idiot, d’absence totale. Et ça, on le voyait chez Julien Doré. Quand il finissait de chanter, on avait l’impression qu’il venait de se réveiller et qu’il n’avait pas conscience de ce qu’il venait de faire. Il y a que deux choses qui provoque cette réaction dans la vie : c’est quand on chante, et quand on fait l’amour. Non ?
Qu’est-ce qui change fondamentalement cette année ?
Il y a encore plus de musique. Au théâtre, maintenant les candidats sont autorisés à chanter avec leurs instruments. Tu en as qui s’installent derrière un piano, d’autres qui chopent leurs guitares. Pendant les primes aussi, ils pourront s’accompagner avec. L’idée ce que maintenant qu’il y a plus de liberté et moins de pression avec D8, on laisse plus de place à la musique.
Propos recueillis par Sabine Bouchoul