Vie de galerie à l’Hôtel Roberval
L’Hôtel Château Roberval, Virginie Tanguay
En 1901, à New York, les immigrants arrivaient en masse. L’industrie du textile y florissait. La diversité des cultures et le mélange des fragrances ajoutaient un cachet à cette ville en croissance. L’entreprise de fabrication de vêtements que Monsieur Jones avait fondée quelques années auparavant avait fait de lui un homme prospère. Attablé à un restaurant, ce dernier humait son café et feuilletait le prestigieux The New York Times. Son regard intrigué se posa sur une nouvelle qui vantait le Lac-Saint-Jean, une région sauvage du Québec. À cet endroit, la pêche sportive était si populaire que les voyageurs venaient de partout pour y taquiner le poisson. L’article mentionnait le nombre des prises et racontait des prouesses halieutiques incroyables. Un journaliste en aurait capturé deux-cent-quarante ouananiches en trois jours ! La soif de l’aventure était si intense qu’à l’instant même où le texte défilait sous ses yeux, Mr Jones rêvait de s’y rendre. Il voulait échapper quelques jours à son mode de vie effréné, devenu insupportable, et la solution était un départ rapide vers ce beau coin de pays. Un télégraphe fut envoyé à l’Hôtel Roberval ; il annonçait la venue imminente de la famille Jones et de leur servante. Le début de la belle saison était un heureux augure.
La balade en train fut agréable, les passagers ne s’ennuyaient pas. La servante, Élisabeth Turner, une femme humble et passionnée, avait grandi à la campagne et la nature avait peu de secrets pour elle. De la cabine du wagon, en regardant par la fenêtre, elle observait en compagnie des enfants les différentes strates de la forêt. Ainsi, les petits comprirent qu’aux abords du fleuve Saint-Laurent, on trouvait des feuillus comme les érables, noyers, caryers et frênes. La sapinière à bouleaux blancs habillait la terre promise telle une dentelle boréale, douce et enveloppante.
Les visiteurs de l’Hôtel Roberval étaient plus que choyés. La vue, à elle seule, de ce lac si vaste, valait le déplacement, et ce grand vent du nord qui caressait la peau était d’une fraîcheur bienfaisante. La vie de l’homme s’écoulait comme une vague rapidement emportée par le suroît sur les eaux de cette mer intérieure. La table était excellente, l’orchestre diffusait une ambiance chaleureuse ; dans la cour, des ours noirs en cage épataient la galerie.
Bien endimanchés, enfants, dame et servante profitaient de la terrasse de l’Hôtel. Le cheval de bois prenait vie, portant comme fier cavalier un gamin songeur. Le parfum aux notes boisées et onctueuses, que portaient les femmes, s’épanouissait dans la brise. C’était il y a longtemps, c’était l’air du temps !
Notice biographique de Virginie Tanguay
Pour ceux qui veulent en voir ou en savoir davantage : son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com et son blogue : virginietanguayaquarelle.space-blogs.com. Vous pouvez vous procurer des œuvres originales, des reproductions, des œuvres sur commande, des cartes postales.
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