Hell of a Cat

Par Katchoo86

Après des mois d’attente, voici ce qu’on appelle un véritable miracle de Noël !

On dit souvent que les chats ont neuf vies. Mais ce qui est sûr, c’est que Patsy Walker alias Hellcat en possède au moins deux, tant cette héroïne a su traverser les époques, les modes et les séries de son éditeur historique, Marvel, retombant toujours sur ses pattes depuis le début des années 40. Car avant de parler de cette héroïne féline, il faut d’abord s’intéresser à son alter ego à la ville, crée par Ruth Atkinson, la talentueuse artiste et pionnière de l’industrie des comics, également à l’origine d’un autre personnage phare du Golden Age : Millie the Model.

A l’époque où Marvel s’appelle encore Timely Comics, Patsy la rousse fait donc ses débuts dans Miss America Magazine #2 en novembre 1944. Elle obtient sa propre série homonyme à partir de 1945 et la plupart de ses histoires seront écrites par Stan Lee. Mais Patsy est également présente dans d’autres séries publiées par l’éditeur, comme Teen Comics qu’elle partage avec d’autres héroïnes de 1947 à 1950, ainsi que Patsy and Hedy et Patsy and her Pals en 1952 et 1953.

Patsy Walker est souvent comparée comme étant une version féminine d’Archie, et pas seulement au niveau capillaire puisqu’il s’agit d’une série racontant les tribulations d’une jeune étudiante  et de ses amis, de sa rivalité amoureuse avec la brune Hedy Wolfe et de sa romance avec Robert « Buzz » Baxter. Le ton humoristique et léger des débuts se modifiera peu à peu jusqu’à ce que le titre devienne un Romance Comics à faire pleurer la plus stoïque des ménagères. Le dernier numéro de Patsy Walker sera publié en 1965, et c’est cette même année que l’héroïne va entamer en quelque sorte une seconde carrière.
Car le moins que l’on puisse dire, c’est que les lecteurs de super-héros sont loin d’être familiers avec ce personnage, les ponts entre les différents genres édités par Marvel (les Romance, Western, Funnies, et autres Crime et Horror Comics) étant très rares, voir inexistants.
Mais Stan Lee va changer cela en faisant apparaître Patsy (et Hedy) sous la forme d’un cameo dans Fantastic Four Annual #3 où se déroule le mariage de Reed Richards et Sue Storm, on les découvre ainsi parmi la foule, telles des groupies cherchant à voir les héros du jour (cette scène sera d’ailleurs reprise en 1994, dans la série de Kurt Busiek et Alex Ross, Marvels). Patsy fait désormais partie de la même continuité.

Mais comment un personnage aussi formaté que Patsy Walker s’est-il retrouvé à jouer les super héroïnes, parmi les Vengeurs et autres mutants ? C’est en juillet 1972 que Patsy entre dans la cour des grands grâce à Steve Englehart qui l’utilise comme personnage de soutien à partir d’Amazing Adventures #13. Le scénariste est un très grand fan et collectionneur des différentes séries publiées par la Maison des Idées dans les années 50 et connait donc la belle rousse sur le bout des doigts. C’est ainsi que Patsy, désormais mariée avec Buzz Baxter qui est lui devenu un colonel de l’US Air Force, va croiser la route d’un certain Hank McCoy également connu sous le nom de Beast et faisant partie des X-Men. Leur rencontre marquera le destin de la jeune femme à jamais, comme on le voit ici dans Amazing Adventures #15.

Le Fauve ne devra son salut qu’à la compassion de Patsy qui a bien évidemment une idée derrière la tête, elle rêve en effet de devenir elle aussi une super héroïne. En échange de son silence, Le Fauve devra l’aider à atteindre son but.
C’est en tout cas ce qu’Englehart profile pour la jeune femme, alors qu’elle réapparaît en compagnie du mutant bleu qui venait récemment de grossir les rangs des Vengeurs,  dans The Avengers #144 en 1976.  Alors qu’elle suit le Fauve et les Vengeurs en mission dans les locaux de la Brand Corporation, elle découvre une réplique du costume de l’ancienne héroïne nommée la Chatte, devenue depuis Tigra ; sur les conseils de Iron Man et Captain America, elle l’enfile et se surnomme Hellcat, réalisant finalement son rêve.
Ce costume, destiné à amplifier les capacités humaines, lui permet d’affronter Baxter dont elle avait entre temps divorcé, et qui participait aux méfaits de la compagnie. Après leur victoire, les Vengeurs lui proposent d’intégrer l’équipe ; mais après quelques aventures avec eux, elle part pour Titan avec Moondragon pour y développer ses capacités physiques et mentales (au #151, toujours en 1976).

La violente confrontation entre Patsy et Baxter dans The Avengers #149 marque un pas de plus dans l’imagerie du personnage, longtemps considéré comme figure de proue des Romance Comics et de ses héroïnes soumises aux règles du patriarcat dont le seul but dans la vie est de trouver le Prince Charmant. En six cases, George Pérez et Steve Englehart nous apportent un bel exemple du féminisme présent dans les comics des 70′s.

Hellcat va rejoindre l’équipe des Defenders en 1977 avec le #44 en remplaçant le Dr Strange. Son personnage insouciant et plein d’entrain fait souvent le contrepoids avec les autres membres de l’équipe, le scénariste David Anthony Kraft affectionne tout particulièrement l’héroïne et met l’accent sur la légèreté et la spontanéité du personnage, tout comme son successeur, Ed Hannigan. Ce dernier va développer la relation que Patsy entretient avec un autre personnage féminin membre de l’équipe, la guerrière Valkyrie, leur amitié basée sur leur complémentarité est considérée encore de nos jours comme faisant partie des plus réussies en matière de caractérisation.

C’est dans les années 80 que la gravité et le sérieux vont prendre place autour du personnage, tout d’abord avec le décès de sa mère dans The Defenders #89, puis l’année suivante lorsque JM DeMateis arrive sur le titre et réintroduit le personnage de Daimon Hellstrom, surnommé « le fils de Satan » (dans The Defenders #92, en 1981), dont le père, un des seigneurs des enfers nommé Satan, la manipule pour lui faire croire qu’elle est également sa fille et la transforme en un démon à son image pour l’aider à envahir la terre.

Satan vaincu, elle est libérée de son emprise puis retrouve son vrai père, qui avait quitté le foyer quand elle était jeune (au #111). Après une brève absence de l’équipe pour renouer ses liens familiaux, elle revient et avoue son amour à Hellstrom (au #116). Les deux amants finissent par se marier, quittent le groupe (au #125, en 1983) et deviennent alors « enquêteurs de l’occulte ». Le couple retourne un jour dans la ville natale de Patsy où elle retrouve ses connaissances du passé, dont Hedy Wolfe, qui lui reprochent d’avoir, de par ses activités héroïques et occultes de notoriété publique, gâché l’image de son personnage de jeune fille innocente popularisée par les séries dessinées par sa mère (dans Marvel Fanfare vol.1 #59, en 1991).
Le ton s’assombri encore un peu plus lorsque Hellstrom embrasse son héritage démoniaque dans les pages de son propre titre en 1993 ce qui conduit Patsy au suicide. Heureusement dans les comics la mort reste un concept qui a ses limites, et Hellcat est ressuscitée ou plutôt ramenée des enfers dans Thunderbolts Annual 2000 et  Avengers 2000.

Toujours en 2000 Patsy retrouve son scénariste fétiche Steve Englehart dans une mini série de trois numéros, huit ans plus tard une autre mini série intitulée Patsy Walker : Hellcat écrite par Kathryn Immonen et dessinée par  David Lafuente revient sur un ton beaucoup plus léger, celui d’une héroïne toujours aussi combative mais qui reste avant tout une fashion victim, sans doute la Patsy Walker que l’on préfère.