Attention les enfants, si vous aimez les VRAIES héroïnes de comics, celles qui gardent leurs vêtement sur le dos, qui sont en première ligne lorsque la situation est désespérée et qui n’ont pas peur de mettre les mains dans le cambouis, celles qui sont également en proie au doute et à l’impuissance face une situation totalement immaîtrisable, si c’est ce genre d’héroïne que vous adorez alors ce quinzième volet de Batwoman est fait pour vous.
Intégralement centré sur le personnage de Maggie Sawyer, actuelle petite amie de Kate Kane mais surtout personnage emblématique et présent dans le DCU depuis sa création par John Byrne en 1987, ce numéro marque une petite pause avant le dénouement apocalyptique et la confrontation ultime Batwoman/Wonder Woman/Medusa. Il prend également le temps de développer la psychologie d’une véritable femme d’action, protectrice et totalement dévouée, telle une madone urbaine soucieuse des hommes dont elle a la responsabilité, des parents complètement désemparés par l’enlèvement de leur enfants et sur le point de commettre l’irréparable, et à plus grande échelle d’une population assiégée par de multiples menaces.
Dans la grande tradition des oeuvres policières de Greg Rucka et Ed Brubaker, ce Batwoman #15 joue à fond la carte du Noir, et le dessin de Trevor McCarthy accentue cette ambiance où Maggie doit à tout prix faire ce qu’elle a à faire, son job de tous les jours, protéger la cité et ses habitants même dans les circonstances les plus dramatiques, sans héroïsme grandiloquent ou spectaculaire.
Ce point de vue d’ailleurs très bien souligné par son opposition totale avec le style de JH Williams III que l’on retrouve sur la première et la dernière page de ce numéro (avec ce jeu de perspective qui m’avait déjà bluffé dans Batwoman #0), les déesses et les super héroïnes viennent du ciel, Maggie elle est a bien les pieds sur terre, et parait comme littéralement écrasée par le poids de sa tache.
L’introspection de Maggie, comme un témoignage touchant d’une héroïne déterminée mais submergée par ses propres émotions (« Does God really hate me ?« ) est une fois de plus un bel essai narratif apporté par JH Williams III et W. Haden Blackman et que l’on peut juxtaposer à ceux de Batwoman et Wonder Woman dans les épisodes précédents. A chaque fois on découvre l’essence même de ce qui fait une héroïne digne de ce nom.
Pour Maggie ce qu’il en ressort c’est justement cette fragilité sous couvert d’une détermination inébranlable, et même les personnes qu’elle pense être au final en sécurité ne le sont pas forcément.
On se rend donc compte à quel point Maggie Sawyer est loin d’être un personnage secondaire. Avec un background aussi riche et intéressant que le sien, les auteurs n’ont pourtant pas décidé d’utiliser un flash-back sur sa vie passée comme il aurait été facile de le faire. Son passé évoqué sert l’histoire dans sa façon d’appréhender les évènements avec justesse et parcimonie, comme pour ne pas tout dévoiler d’un seul coup sur cette héroïne.
Batwoman #15 remplit donc tout à fait le but qu’il s’était fixé, celui de faire connaitre ou de rendre hommage à l’une des plus belles gardiennes de Gotham, en effet pas besoin d’arpenter les toits de la cité pour y faire régner la justice et surtout protéger et servir, car au final c’est bien de cela dont il s’agit, car les vrais héros sont sans doute ceux qui officient à visage découvert.