Malgré plus de 25 années de recherche sur les médicaments anti-obésité, peu de médicaments montrent des bénéfices de long terme et certains, même, s'avèrent parfois dangereux. Cette recherche publiée dans l'édition du 21 décembre dans la revue Trends in Endocrinology & Metabolism explore une nouvelle voie pour lutter contre l'obésité : cibler les récepteurs de goût dans l'intestin ainsi qu'une protéine des cellules gustatives, qui influent sur la libération de la ghréline, l'hormone de l'appétit.
Les goûts de nos aliments, amer, sucré, salé ou gras –sont traités à peu près de la même manière par la langue et le cerveau, par l'utilisation de mécanismes de signalisation. Le résultat est la libération d'hormones de satiété et le contrôle des niveaux de sucre dans le sang quand la nourriture atteint l'intestin. Les récepteurs de l'estomac répondent aussi à un excès d'apport alimentaire et leur dysfonctionnement va jouer un rôle dans le développement de l'obésité, du diabète et de troubles métaboliques.
Les Drs. Sara Janssen et Inge Depoortere, du Centre de recherche translationnelle pour les troubles gastro-intestinaux de l'Université catholique de Louvain (Belgique) ont examiné la possibilité de prévenir ou réduire l'obésité en intervenant, de manière sélective et ciblée sur ces récepteurs gustatifs des cellules gustatives, pour libérer des hormones qui signalent une sensation de satiété, imitant les effets physiologiques d'un repas et faisant ainsi croire au corps qu'il vient de s'alimenter.
La protéine α-gustducine des cellules gustatives contrôle l'appétit : Alors que le goût amer stimule la production de ghréline, les chercheurs montrent que ce processus est contrôlé par des récepteurs de goût couplés à l'α-gustducine, une protéine des cellules gustatives impliquée dans la transmission du signal sucré et amer. Si on connaissait le rôle de l'hormone ghréline, les mécanismes qui régulent sa production restaient encore largement inconnus. Les chercheurs ont donc étudié le rôle de la protéine α-gustducine en regardant l'effet d'une perfusion par voie orale de glucose et de solutions amères, sur la production de ghréline chez la souris « privée » d'α-gustducine. Ils montrent que la privation d'α-gustducine inhibe le processus couplé aux récepteurs de contrôle de la production de ghréline, entraînant l'obésité.
Cette voie n'est pas très éloignée de la chirurgie bariatrique qui entraîne une importante perte de poids profonde et une diminution du diabète et d'autres maladies liées à l'obésité. En effet, selon ces chercheurs, la chirurgie bariatrique pourrait aussi entraîner des changements dans la libération des hormones de l'intestin, explique le Dr Depoortere. Des études complémentaires restent nécessaires pour montrer que les récepteurs intestinaux du goût pourraient être des cibles de médicaments efficaces pour la prévention et le traitement de l'obésité et du diabète.
Source: Trends in Endocrinology & Metabolism (à paraître), 2012; DOI: 10.1016/j.tem.2012.11.006 Nutrient sensing in the gut: new roads to therapeutics? (Visuel Fotolia)
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