Jacques Julliard termine l'année, dans Marianne, en taclant une imposture politique: cette infantilisation du débat qui pousse nos candidats à promettre tout et n'importe quoi pour satisfaire des électeurs trop impatients qui attendent des solutions clés-en-main.
Dans un éditorial titré « Contre la profession politique », il l'écrit très justement: « Voyez le jeu pervers auquel se livre l'électeur et le candidat à chaque élection importante. Le premier fait monter les enchères au maximum avant de se décider, tandis que le second finit par laisser échapper des promesses qu'il sait ne pouvoir tenir.»
On le sait, Nicolas Sarkozy fut emblématique de cette infantilisation politique de masse. Il en avait publié un abécédaire, avec ses milliers de promesses électorales, qu'il s'empressa de faire disparaître un soir d'automne quand l'échec lui était trop insupportable à affronter.
Nous avions pu en construire un autre, plus terrifiant encore. L'antisarkozysme fut d'abord cette réaction comme cette attitude-là, les promesses à l'emporte-pièce. Quand François Hollande l'emporta après des primaires disputées, l'accusation qui lui fut faite à de nombreuses reprises d'être trop flou dans ses promesses nous réjouissait secrètement. Ah si pour une fois un candidat pouvait gagner sans s'engager sur une liste à la Prévert de promesses toutes moins tenables les unes que les autres ! Certains encore aujourd'hui s'en tiennent à quelques morceaux de slogans pour mieux tacler l'actuel président. Mediapart et quelques autres à gauche croient savoir que la trahison est là puisque l'actuel président n'a pas écrit dans quelques lois l'exact intitulé sommaire de ses 60 propositions.
La démocratie moderne, attaquée par une crise sociale sans précédent, souffre de son absence de recul.
Pour revenir à Jacques Julliard et son merveilleux éditorial, il convient de souligner un point essentiel: la classe médiatique - puisqu'il s'agit une classe tant du point de vue sociologique que culturelle - est tout autant responsable de cet état de fait infantile que nous autres citoyens ou vous autres politiques.
Dans son immense majorité, elle entretient l'absence de débat, d'analyse, de perspective et surtout de contradiction. Elle suit le vent, caricature les enjeux comme Twitter et ses 140 caractères de messages.
A suivre.